CONAKRY – La septième édition du Transform Africa Summit 2025 (TAS25) a officiellement débuté ce mercredi 12 novembre 2025 à Conakry, en présence du Président guinéen Mamadi Doumbouya et de son homologue rwandais Paul Kagame. Ce rendez-vous majeur du numérique se tiendra jusqu’au 14 novembre, marquant une première historique : c’est la première fois que le sommet s’installe en Afrique de l’Ouest et dans un pays francophone.
Placé sous le thème « L’avenir numérique de l’Afrique : construire un continent propulsé par l’intelligence artificielle », cet événement réunit dirigeants, experts, innovateurs et entrepreneurs autour d’une vision commune : faire de l’Afrique une protagoniste, et non une simple spectatrice, de la révolution de l’IA.
Dans son allocution d’ouverture, Rose Pola Pricemou, Ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique, a souligné la portée symbolique de ce choix.
« Hier, la Guinée lançait le plus grand projet minier du continent. Aujourd’hui, elle devient l’épicentre du débat numérique africain. Ces deux événements ne sont pas des coïncidences, mais des signes : notre pays entre dans une nouvelle ère. Notre richesse ne se mesure plus seulement à nos ressources naturelles, mais à la créativité, aux compétences et aux connexions de nos citoyens. Ce sommet, c’est l’Afrique qui tisse sa toile de coopération et construit collectivement son avenir numérique », a-t-elle affirmé.
Pour la ministre, le TAS2025 incarne bien plus qu’un simple forum : il traduit la volonté nationale de la Guinée et l’ambition collective du continent de maîtriser leur destin numérique. « C’est le moment où notre pays pose simultanément les fondations physiques et digitales de sa prospérité », a-t-elle souligné.
L’IA, un levier de souveraineté africaine
Madame Pricemou a insisté sur l’importance de concevoir une intelligence artificielle à visage africain. « L’IA n’est pas seulement une innovation technologique, c’est une transformation civilisationnelle qui touche l’éducation, la santé, l’économie et notre vision même du futur. Plutôt que de subir cette vague, l’Afrique doit la piloter — en ancrant l’IA dans nos réalités locales, nos langues, nos valeurs et nos priorités. Il nous faut une IA conçue par nos ingénieurs, alimentée par nos données, encadrée par nos lois et au service de nos populations », a-t-elle déclaré avec force.
Elle a par ailleurs rappelé les avancées concrètes de la Guinée dans ce domaine, au cœur de la stratégie Simandou 2040 :
« Plus de 12 000 km de fibre optique déployés, un Data Center national de niveau Tier III, et bientôt un deuxième câble sous-marin : ces infrastructures ne sont pas des simples lignes sur une carte. Ce sont les veines du développement numérique de notre pays », a-t-elle expliqué.
Un appel continental à l’action
Lacina Koné, Directeur général de l’Alliance Smart Africa, a salué le leadership guinéen et rappelé l’appel lancé par le Président Kagame lors de l’édition 2023 du sommet :
« Il nous avait exhortés à agir vite et avec audace face à l’IA. Cet appel a été entendu. Deux ans plus tard, ici à Conakry, nous passons de la réflexion à l’action, de l’aspiration à la coordination. L’Afrique avance », a-t-il assuré.
Il a ensuite réaffirmé les trois piliers autour desquels Smart Africa concentre désormais ses efforts : la souveraineté numérique, l’inclusion et l’innovation locale, portée par les jeunes, les chercheurs et les startups du continent.
« En trois ans, Smart Africa est passée d’une plateforme de dialogue à une institution opérationnelle. Le message est clair : l’Afrique progresse — et elle réussit », a-t-il conclu.
Appel aux solutions africaines
Dans son discours, le Président Mamadi Doumbouya a invité les participants à concevoir des solutions adaptées aux réalités du continent :
« Ces deux jours d’échanges doivent nous permettre de proposer des réponses africaines aux défis que pose l’IA, en pensant aussi aux générations futures. Sur cette terre panafricaine qu’est la Guinée, œuvrons ensemble pour un numérique au service du développement inclusif. »
De son côté, le Président Paul Kagame a mis en garde contre les peurs irrationnelles liées à l’IA, tout en rappelant qu’elle est désormais une réalité incontournable :
« L’incertitude entourant l’IA — sur l’emploi, la vie privée ou la sécurité — est partiellement justifiée, partiellement irrationnelle. Mais quoi qu’il en soit, cette technologie est là pour rester. Comme toutes les révolutions technologiques avant elle, elle exige de nous adaptation, vigilance et vision. »
Une vision pour 2040
Madame Pricemou a conclu avec une vision ambitieuse pour l’avenir :
« En 2040, j’imagine une Guinée entièrement connectée — écoles, hôpitaux, entreprises, administrations. Une Guinée où l’innovation sera inscrite dans notre ADN, où nos enfants coderont en langues locales, et où le numérique sera le fondement même de notre progrès économique et social. »
En accueillant ce sommet, la Guinée affirme sa volonté de devenir le hub numérique de l’Afrique de l’Ouest, porte d’entrée vers un espace digital intégré, souverain et inclusif.









