«Le croassement des grenouilles n’empêche pas l’éléphant de boire» (proverbe africain). Telle semble avoir été la devise de Didier Drogba qui a su s’imposer dans l’inextricable jungle footballistique européenne et devenir l’attaquant redoutable que l’on sait, tant idolâtré en Afrique.
Didier Drogba est né le 11 mars 1978 à Abidjan. Il a seulement 5 ans quand il suit les traces d’un oncle footballeur professionnel en France. Sa mère le suit dans ses pérégrinations de Brest à Angoulême en passant par Abbeville, ils finissent par s’installer à Levallois (région parisienne).
Mordu de foot, il est fan de l’OM. Weah et Van Basten sont ses modèles. L’enfant est doué à coup sûr. A l’école ses résultats laissent à désirer. Son père tente, en vain, de le priver de foot. Mais ‘tonton Drogba’ le soutient et pousse le petit génie de 15 ans à signer à Levallois. L’enfant s’aguerrit et devient vite la star de l’équipe.
A 19 ans, il hésite à accepter une offre du PSG et lui préfère Le Mans (L2) où il passe deux saisons infructueuses. A 23 ans, il est toujours remplaçant. Pape Diouf, son agent ne désarme pas et prend les choses en mains.
La découverte de la Ligue 1 (Guingamp – 2002/2003)
A 24 ans, Drogba goûte enfin aux délices de la Ligue 1 en signant à Guingamp entrainé alors par Guy Lacombe. Le courant passe entre les deux hommes et Drogba, en confiance, travaille d’arrache-pied.
Les résultats sont remarquables. Guingamp termine à la 7ème place et Didier Drogba, en état de grâce, finit 3ème au classement des buteurs avec 17 unités.
L’éclosion à Marseille (2003/2004)
En ce début de saison, on refuse du monde chez les Drogba. Les ténors de la Ligue 1 se bousculaient pour s’attacher les services de la perle rare d’Abidjan.
Drogba, sans hésiter, opte pour l’OM, son club de cœur contre 6 millions d’euros. Sur la Canebière, Didier est appelé à honorer le maillot numéro 11, celui porté par les illustres Chris Waddle et Eric Cantona.
Après des débuts difficiles, l’équipe se métamorphose sous la direction de José Anigo pour atteindre la finale de la Coupe de l’UEFA après avoir écarté Liverpool, l’Inter Milan et Newcastle, avant de s’incliner devant Valence en finale.
Drogba pourra tout de même se consoler avec le titre prestigieux de meilleur footballeur de l’année en France. Son compteur buts a été des plus honorables : 32 buts en 55 matches.
Enthousiasmée par ses prestations, la direction phocéenne projette de bâtir l’équipe autour de lui. Mais les 37 M€ offerts par Chelsea obligèrent le buteur ivoirien à troquer le soleil de Marseille contre le fogg londonien.
La consécration à Chelsea (2004-2012)
Surmontant ses réticences, le désormais « joueur africain le plus cher de l’histoire » s’installe au bord de la Tamise. Pour bien réussir à Chelsea, il devait s’adapter au changement de culture et à l’impact British.
Malgré une blessure, il réussit un coup de maître en remportant un championnat que les Londoniens attendaient depuis un demi-siècle.
2005/2006 : Drogba avait dû cette saison composer avec le nouveau venu, Hernan Crespo. Leur association en attaque porta ses fruits et les Blues conservent leur titre. Toutefois, Drogba ne marque qu’à 16 reprises et essuie les critiques.
En 2006/2007 : l’arrivée de Shevchenko dissuade Drogba de quitter Chelsea. En parfaite symbiose avec la super star ukrainienne, Didier Drogba finit la saison avec 33 buts à son actif, avec de surcroît un titre de meilleur buteur de la prestigieuse Premier League anglaise (20 buts). Cette année, il glane le titre de meilleur footballeur africain de l’année.
Son équipe fait l’impasse en Premier League mais rafle les deux coupes nationales. Sur le plan européen, Chelsea est sortie en demi-finale par Liverpool.
En ce début de saison 2007/2008, Avram Grant est aux commandes de Chelsea après le limogeage de Mourinho. Affecté physiquement par une opération au genou, Drogba ne reprend du service qu’en fin de saison mais inscrit 2 buts en demi-finale de la Ligue des Champions UEFA. Un bilan bien mitigé : Chelsea perd la finale aux tirs au but face à Manchester United.
En 2009, c’est au tour de Guus Hiddink de veiller aux destinées de Chelsea qui se contente de la FA Cup. Drogba, lui, inscrit son 13ème but en autant de matches joués. Néanmoins, la grande désillusion est l’élimination des Blues par le Barça en Coupe d’Europe : « Une injustice » hurlera Drogba face aux caméras.
La saison 2009/2010, Drogba se rebiffe et c’est la grande moisson pour son équipe : un titre de champion de Premier League, un Community Shield et une FA Cup. Drogba se déchaîne et enquille les buts, remportant de nouveau le titre de meilleur artificier du « Royaume de sa Majesté ».
2011/2012 est une saison exceptionnelle pour Drogba. Vainqueur de la LDC UEFA face au Bayern Munich (1-1, 3-4 tab), il devient également le premier joueur africain à atteindre le cap des 100 buts en Premier League. Un record qui clôturera sa longue et remarquable carrière avec les Blues auxquels il aura offert au total 157 buts en 341 apparitions.
En 2012, Drogba, très riche et comblé par tant de titres, ira promener son imposante silhouette sous d’autres cieux. Shanghai, Galatasaray, Montréal puis Phoenix, lui offrent des contrats mirobolants. D’exploit en exploit, il bat tous les records en terme de performances et de longévité.
Le profond attachement au Pays
Ivoirien corps et âme, l’Elephant d’Abidjan fait partie de ces joueurs qui se dévouent pour leurs sélections autant que pour leurs équipes. Drogba a toujours clamé : «Ce maillot, je le porte comme une deuxième peau ! ».
Convoqué pour la première fois en équipe nationale, Drogba a côtoyé une formation de rêve avec les frères Touré, Zokora, Gervinho, Kalou, Aurier et Romaric…
Cette équipe avait tout pour briller sur la scène africaine et mondiale. Malheureusement, Drogba et ses partenaires ont souvent échoué tout près d’une consécration internationale tant convoitée.
Les Eléphants ont fait de belles prestations au Mondial 2006 où ils ont battu la Serbie 3-2. Ils ont ensuite réalisé une participation plus qu’honorable aux Mondiaux 2010 et 2014, obligeant notamment le Portugal de CR7 à leur concéder un nul synonyme de victoire lors de la grande messe du football mondial en Afrique du Sud.
Sur le plan africain, l’emblématique capitaine des Eléphants a même permis à la Côte d’Ivoire de disputer deux finales en 2006 et 2012. Jouant de malchance, ils ont échoué aux tirs au but respectivement face à l’Egypte et à la Zambie.
Malheureusement, le beau jeu n’est pas toujours synonyme de titres. La Côte d’Ivoire de Didier Drogba a été mal récompensée à l’instar de la redoutable sélection néerlandaise qui a raté ses trois finales en Coupe du Monde (1974, 1978 et 2010).