« Dans son triomphe tardif, Benzema n’a malheureusement pas gagné une plus grande hauteur de vue »

Karim Benzema lors du match de Liga, le championnat espagnol, entre le Real Madrid et Elche CF au stade Santiago Bernabeu, à Madrid, le 15 février.

L’histoire de Karim Benzema en équipe de France aura décidément plus été celle des portes claquées que des buts marqués, de ses départs et de ses retours, que de ses séjours avec la sélection nationale, malgré ses 97 capes.

L’ultime volet polémique de cette aventure contrariée – qui s’est cristallisée dans ses rapports sinusoïdaux avec le sélectionneur Didier Deschamps – porte sur les conditions de son renoncement à la dernière Coupe du monde, sur blessure, juste avant l’entrée en lice des Bleus.

Son départ du Qatar en catimini, dans la nuit du 19 novembre, surprend ses coéquipiers. Il déclare :

« De ma vie, je n’ai jamais abandonné, mais ce soir il faut que je pense à l’équipe, comme je l’ai toujours fait. Alors, la raison me dit de laisser ma place à quelqu’un qui pourra aider notre groupe à faire une belle Coupe du monde. »

Communication sibylline

Plus tard, le joueur, qui reprend l’entraînement avec son club du Real Madrid avant la demi-finale France-Maroc, laisse filtrer son ressentiment et sous-entend avoir été contraint de quitter Doha.

La veille de la finale contre l’Argentine, il écrit sur Instagram : « Ça ne m’intéresse pas. » Puis le lendemain du match, il annonce laconiquement sa retraite internationale, croit-on :

« J’ai fait les efforts et les erreurs qu’il fallait pour être là où je suis aujourd’hui et j’en suis fier ! J’ai écrit mon histoire et la nôtre prend fin. »

Le timing est désastreux, mais au moins la rupture est-elle consommée. Dans deux interviews publiées vendredi, Didier Deschamps rapporte pourtant des contacts avec le joueur en janvier, et donne sa version : « Karim m’a dit lui-même qu’il n’aurait pas été prêt [pour la suite du Mondial]. » A quoi l’intéressé réplique sur Instagram par un « Mais quelle audace » assorti d’une émoticône de clown, puis par le relais d’une vidéo suggérant la qualification de « menteur ».

Durant les presque six ans de sa mise à l’écart de l’équipe de France, accusé d’avoir participé en 2015 à un chantage à la « sextape » contre son coéquipier Mathieu Valbuena, il avait déjà recouru – contre Didier Deschamps et son rival supposé Olivier Giroud – à la même communication sibylline et vindicative sur les réseaux sociaux, à coups de likes sournois et de « vérités » très personnelles.

Par défiance envers les médias, et peut-être envers lui-même, Benzema s’est rarement exprimé auprès d’eux. Quand il l’a fait, ce fut pour lâcher, juste avant l’Euro 2016 (le sens du timing, déjà), que Deschamps avait « cédé sous la pression d’une partie raciste de la France ». Celui-ci l’avait pourtant maintenu contre vents et marées durant une longue période de contre-performances.

Il vous reste 42.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source ici