déception et colère après le plan européen d’Apple pour ouvrir l’App Store

Apple n’a pas eu d’autre choix que de se plier aux règles de la législation européenne sur les marchés numériques, dont les dispositions entreront en vigueur le 7 mars. Mais le plan de conformité annoncé par le constructeur la semaine dernière prête le flanc aux critiques des principaux intéressés.

Apple ouvre l’iPhone et iOS à la concurrence… en posant ses conditions. Certes, les boutiques d’applications alternatives à l’App Store ont droit de cité, mais les éditeurs de ces magasins devront montrer patte blanche en justifiant d’une ligne de crédit d’1 million d’euros et d’accepter tous les nouveaux termes de distribution de la firme à la pomme.

Les nouveaux frais d’Apple dans le collimateur des concurrents

Cela signifie, entre autres obligations, de payer le Core Technology Fee (CTF), des frais qui s’appliquent sur chaque installation au-delà du premier million d’installations. La dîme est de 0,50 € pour chaque installation annuelle, passé le seuil du million. Les opérateurs de ces boutiques doivent de leur côté payer le CTF dès la première installation de leur magasin, aucune gratuité n’est prévue.

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Ces conditions, qui selon Apple reflètent la valeur de la plateforme iOS et des outils disponibles pour le développement d’applications, sont très loin de satisfaire les éditeurs intéressés. C’est le cas de Microsoft, qui planche depuis longtemps sur un Xbox Store pour les plateformes mobiles. Sarah Bond, la présidente de Xbox, estime que la nouvelle politique d’Apple est « un pas dans la mauvaise direction ».

« Nous espérons [qu’Apple] écoutera les retours sur leur projet de plan de conformité et travaille sur un avenir plus inclusif pour tous », indique-t-elle. Un vœu pieux ? Peut-être pas tant que ça : le plan d’Apple va passer au tamis de la Commission européenne qui a d’ores et déjà prévenu que le constructeur devra faire des changements si les modifications apportées à l’App Store ne sont pas suffisants.

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Même son de cloche en encore plus virulent chez Spotify. Le service de streaming parle carrément d’« extorsion » : « Apple montre au monde qu’ils pensent que les règles ne s’appliquent pas à eux ». L’entreprise revient sur le CTF qui fait peser une épée de Damoclès au dessus de la tête des développeurs : « Pour ceux qui se demandent si cela pourrait fonctionner pour eux, il faut avoir moins d’un million de clients et s’engager à ne pas connaître de croissance sur le long terme ».

Spotify s’interroge sur l’hypothèse tout à fait crédible d’une application gratuite qui connaîtrait soudainement une très forte popularité. Le développeur ne risque-t-il pas de faire tout simplement faillite ? Apple a mis en place des garde-fous pour éviter les installations intempestives, mais la « recette » est gardée secrète. Par ailleurs, « rien dans la loi n’interdit à Apple d’augmenter [le CTF] de 0,50 € à 1 ou 10 € avec le temps ».

Avec le DMA, Spotify a la possibilité d’utiliser un autre service de paiement que celui d’Apple.

Pour Spotify, Apple force les développeurs à « rester dans le statu-quo », c’est à dire à conserver une distribution de leurs applications dans l’App Store sans profiter des avancées du DMA. Et d’ailleurs, la plateforme de streaming estime ne pas avoir le choix.

Epic, autre grand adversaire d’Apple, a certes annoncé le retour de Fornite sur iOS cette année en Europe, via l’Epic Games Store qui va s’adapter à l’iPhone. Mais Tim Sweeney, le CEO du studio, n’a pas eu de mots assez durs contre les mesures annoncées par Apple, déplorant « plein de nouveaux frais inutiles sur les téléchargements et de nouvelles taxes Apple sur les paiements [qu’Apple] ne traite pas ».

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La fondation Mozilla a également fait part de sa déception. Avec le DMA, les rivaux de Safari gagnent une nouvelle fenêtre de sélection pour choisir leur navigateur web par défaut, ainsi que la possibilité d’utiliser leur propre moteur de rendu. Apple leur imposait jusqu’à présent WebKit, le moteur de Safari.

Le fait que cette mesure se limite à l’UE va obliger Firefox à maintenir à jour deux versions : une pour l’Europe avec le moteur Gecko, une autre pour le reste du monde avec WebKit. Un « fardeau qu’Apple n’aura pas à porter elle-même », attaque un porte-parole de Mozilla.

Il existe toutefois des développeurs qui sont contents du plan de conformité d’Apple. C’est le cas d’Opera, qui a annoncé que son navigateur Opera One allait intégrer de nouvelles fonctions IA sur iPhone.

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