Depuis le début de la crise qui a secoué la Fédération française de football (FFF), aboutissant à la démission de son président historique Noël Le Graët, le 28 février, Didier Deschamps s’était montré plutôt silencieux. Dans deux entretiens accordés au Parisien et au Figaro, publiés dans la soirée du vendredi 10 mars, le sélectionneur des Bleus n’a pas voulu « revenir sur les raisons » qui ont conduit au départ du dirigeant, dont il est proche, mais il explique avoir mal vécu cette situation.
« Quoi que je dise, je sais que mes propos seront interprétés. Si je le défends, on dira que c’est parce qu’il m’a prolongé. Si je le critique, on dira que je le lâche parce qu’il est parti », justifie le technicien de 54 ans, dont le contrat à la tête de la sélection nationale avait été prolongé de quatre ans par M. Le Graët, début janvier. Une décision prise sans que celui qui était encore le président de la FFF n’en avise préalablement le comité exécutif (« comex ») de la fédération. « C’était la décision du président, pas la mienne, martèle l’intéressé. Comme tout entraîneur, j’étais soumis à une obligation de résultat. Si je suis toujours là, c’est parce que les objectifs ont été atteints. »
Didier Deschamps reconnaît que la « situation personnelle » du Breton, après un rapport d’audit accablant et l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « harcèlement moral et sexuel », « mettait en difficulté l’institution et sans doute le football français dans son ensemble ». Mais il souligne tout ce qu’il a « accompli auparavant » aux rênes de l’instance.
Interrogé sur le cas de son homologue à la tête de l’équipe de France féminine, dont la mission a été suspendue jeudi après la mise en retrait de plusieurs joueuses cadres de l’effectif, « DD » s’est dit « déçu » pour elle. Corinne Diacre a été « très sévèrement critiquée, alors que ses résultats plaidaient en sa faveur », estime-t-il. Là, encore, il botte en touche sur le fond du dossier : « Je n’ai pas tous les éléments. Je ne peux donc pas me prononcer », insiste-t-il. « Sur la forme, on peut s’interroger… »
« C’est la vérité, il n’y en a qu’une seule »
Dans ces deux entretiens, Didier Deschamps est aussi revenu sur la finale du Mondial, perdue face à l’Argentine de Lionel Messi aux tirs au but. Une compétition, « loin d’être un long fleuve tranquille », rappelle-t-il, pointant notamment « l’absence de joueurs très importants… ». Parmi eux, son attaquant star Karim Benzema, parti avant l’entame de la compétition en raison d’une blessure à l’entraînement. Un cas dont la gestion avait été ensuite critiquée.
« On a fait les choses [sur le plan médical] comme on devait le faire et Karim le sait bien », balaye le technicien, qui a tenu à livrer sa version des faits :
« Quand je me lève le lendemain matin [de sa blessure], on me dit qu’il est parti. Il avait décidé de partir par un vol commercial. Je lui envoie un SMS, il m’a répondu quand il a atterri. C’est la vérité, il n’y en a qu’une seule et c’est celle-là. »
Le Ballon d’or a depuis annoncé dans un message laconique sa retraite internationale. Un choix que « DD » refuse de commenter : « Ne me demandez pas ses arguments. Il lui appartiendra de les communiquer ou pas. »
« A partir de lundi [13 mars], on sera tous focalisés sur les qualifications pour l’Euro 2024, moi le premier », insiste le sélectionneur, qui devra aussi composer dans deux autres cadres habituels, Hugo Lloris et Raphaël Varane ayant tous deux décidé de mettre un terme à leur carrière en Bleu. « Je n’ai pas peur du vide. Sinon, j’aurais été tremblant avant la Coupe du monde vu les critiques sur le manque supposé d’expérience, de cadres, de leaders… Je pars du principe, même dans la pire situation, qu’il y a toujours du positif », plaide-t-il.
Jeudi 16 mars, Dider Deschamps présentera les joueurs retenus pour disputer les qualificatifs de la compétition continentale, organisée du 14 juin au 14 juillet 2024 en Allemagne. La France affrontera les Pays-Bas, le vendredi 24 mars (20 h 45) au Stade de France.