Discours de Son Excellence Monsieur Amadou Oury BAH, Premier Ministre, Chef du Gouvernement à l’occasion de la 79ème Session de l’Assemblée Générale Ordinaire des Nations Unies – GOUV

New-York le 28 septembre 2024

  • Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies
  • Monsieur le Président de la 79ème Session de l’Assemblée Générale des
  • Nations Unies,
  • Distingués Chefs d’État et de Gouvernement,
  • Mesdames et Messieurs les Délégués,

Je me tiens devant vous aujourd’hui, au nom de Son Excellence le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, Président de la République de Guinée, avec l’honneur et la responsabilité de représenter une nation engagée dans une refondation historique. Nous sommes ici pour affirmer notre détermination à redéfinir notre avenir, un avenir fondé sur la paix, la justice, et la dignité pour tous.

 

Trois dates, trois événements, trois moments qui incarnent l’esprit de résilience et de liberté de notre peuple. Le 28 septembre 1958, le peuple de Guinée a choisi de voter massivement pour le ‘‘Non’’ au référendum proposé par le Général De Gaule, en optant ainsi pour l’indépendance immédiate. Le 28 septembre 2009, ce même peuple a réclamé au prix d’un lourd tribut sa pleine jouissance de la liberté, de la démocratie et de la dignité. Aujourd’hui, le 28 septembre 2024, en ce jour symbolique pour la nation guinéenne, nous nous tenons devant cette auguste Assemblée pour renouveler notre engagement en toute liberté envers ces dynamiques pour forger un avenir fondé sur la paix, la justice et la dignité. En cette heure de grande turbulence mondiale, marquée par des conflits, des inégalités grandissantes, et une crise climatique qui menace l’existence de l’humanité, il est impératif que nous soyons audacieux dans nos actions et unis dans notre vision.

 

C’est avec cette conviction que je m’adresse à vous. Je souhaite, tout d’abord, saluer les Nations Unies, cet espace unique de dialogue et de coopération, où toutes les nations, grandes et petites, se rencontrent sur un pied d’égalité pour construire un monde meilleur. Notre foi en cette institution est profonde, car elle est le reflet de nos valeurs communes de paix, de développement durable et de respect des droits de l’homme.

Nous savons que les défis auxquels nous faisons face aujourd’hui sont immenses. Mais nous savons aussi que l’esprit de solidarité et de coopération qui a guidé cette organisation depuis sa création est plus nécessaire que jamais.

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

Aujourd’hui, la République de Guinée est engagée dans un ambitieux processus de profonde refondation de l’État. Sous l’impulsion du Comité

National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) et du Président de la République, Son Excellence le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, nous avons choisi de tourner la page de l’instabilité pour écrire une nouvelle histoire. Celle d’une nation résiliente qui se réinvente pour offrir à son peuple une vie digne, libre et prospère.

 

La Guinée aspire à devenir un modèle de résilience et de renouveau en

Afrique, prouvant que même face à l’adversité, une transformation positive est possible. L’exemple le plus éloquent de notre engagement envers la justice et la lutte contre l’impunité est le procès historique des événements tragiques du 28 septembre 2009. Pour la première fois dans l’histoire de notre nation, les responsables de cette tragédie ont été traduits en justice devant un tribunal national, marquant ainsi un tournant décisif dans notre combat contre l’impunité. Ce procès, devenu une référence mondiale est un exemple pour l’Afrique. Il témoigne de notre volonté de refonder notre société sur des bases solides de justice, de vérité et de réconciliation, tout en inspirant d’autres nations à suivre la même voie de responsabilité et de transparence.

 

Dans cette dynamique de refondation, Son Excellence le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, Président de la République, a tracé une vision claire et ambitieuse pour guider la Guinée vers un avenir prospère, axé sur trois piliers fondamentaux : le social, l’économique et le politique.

 

Par ailleurs, nous ancrons nos actions dans cinq valeurs qui redéfinissent la gouvernance de notre pays.

 

Par la Rectification institutionnelle, nous bâtissons des institutions robustes et légitimes et impersonnelles. Par la Refondation, nous renforçons l’intégrité de la vie publique. Par le Rassemblement nous unissons toutes les composantes de la nation. Par le Redressement nous mettons en place une gouvernance transparente et responsable. Enfin, par le Repositionnement, nous intensifions notre engagement envers nos partenaires mondiaux, en assurant une coopération active, dynamique avec les toutes les institutions bi et multilatérales.

 

Ces valeurs orientent chaque pas que nous franchissons sur le chemin de la transformation nationale, dans un esprit de justice, de solidarité, et de dignité.

 

Au cœur de cette transformation nationale se trouve un projet emblématique qui incarne notre vision de notre présent et de notre avenir : le méga projet Simandou et son ambitieux programme « Simandou 2040 ».

 

Simandou 2040 est né du projet minier qui fait que la Guinée est aujourd’hui en train de construire 670 km de voies ferrées multi usage et un port minéralier pour l’exploitation des mines de fer du Simandou.

 

Ce projet 2040 incarne bien plus qu’un simple projet minier. C’est un modèle de transformation globale pour la Guinée, qui ambitionne de bâtir autour de ce projet un véritable programme sociétal et environnemental, où l’homme et son environnement coexistent en harmonie. Contrairement à d’autres nations qui ont été victimes de la malédiction des ressources naturelles, nous tentons de refuser de suivre cette voie. Nous avons su tirer les leçons du passé et nous engageons à faire de Simandou un levier de prospérité partagée, de stabilité et de croissance durable.

 

Mesdames et Messieurs,

 

Dans ce processus de refondation, nous puisons notre inspiration dans l’histoire riche et diversifiée de notre pays est marquée par des valeurs ancestrales de justice, de solidarité et de respect de la dignité humaine. Je rappelle que l’essentiel des empires qui ont existé en Afrique de l’Ouest ont eu leurs bases dans ce qui est aujourd’hui la République de Guinée.

 

De ce fait, depuis la Charte de Kouroukanfouga proclamée en 1236, qui posait déjà les fondements d’une société juste en interdisant l’esclavage et en prônant l’égalité et la liberté pour tous, jusqu’à l’organisation du Fouta théocratique, reconnue comme terre d’asile et de protection pour les opprimés fuyant la traite négrière, la Guinée a toujours été un bastion des valeurs humanistes et de gouvernance équitable.

 

Ces traditions se retrouvent dans les structures sociales de l’ensemble des régions du pays que ce soit au niveau de la Basse Guinée et de la Guinée Forestière où la gestion collective des ressources et la résolution pacifique des conflits étaient au cœur de la vie communautaire. Ceci nous rappelle que notre identité nationale est ancrée dans une quête de justice, d’empathie, de paix et de solidarité.

 

Aujourd’hui, alors que nous construisons l’avenir de notre nation, nous réaffirmons ces valeurs dans le Projet de Constitution que nous sommes en train de proposer au peuple de Guinée. Nous voulons bâtir un État moderne qui intègre ces principes intemporels, un État où chaque citoyen, quelles que soient ses origines, sa culture ou sa foi, trouve sa place dans un tissu social harmonieux et solidaire.

 

Mesdames et Messieurs,

 

Le chemin vers la refondation ne peut être parcouru seul. Nous appelons à un soutien international sincère et renforcé, fondé sur le respect mutuel, l’écoute, et l’accompagnement dans la poursuite de nos objectifs communs.

 

La Guinée ne sollicite pas la compassion, mais elle propose un partenariat, une alliance active et dynamique, pour construire ensemble un monde en devenir.

 

Cette période représente aussi une opportunité unique pour la Guinée de redéfinir son rôle sur la scène internationale, en tant qu’acteur engagé et responsable, contribuant à la stabilité régionale et par conséquent à la paix mondiale.

 

Nous avons participé activement aux efforts de maintien de la paix sous l’égide des Nations Unies, et nous continuerons à le faire, convaincus que la paix est la condition première du développement et de la justice. D’où notre prédisposition à fournir près de 650 policiers et gendarmes pour la stabilisation d’Haïti la martyre.

 

Cependant, la paix ne peut être atteinte qu’à travers une coopération renforcée et une réforme significative des institutions multilatérales.

 

C’est pourquoi nous devons également repenser notre approche pour résoudre les conflits persistants dans la région du Sahel. Il est temps de dépasser les réponses exclusivement militaires et meurtrières, et de promouvoir une stratégie intégrée qui combine le développement économique, le renforcement des institutions et une coopération régionale renforcée.

 

L’adjuvant de cette approche est la pleine jouissance, pour chaque communauté peuplant ce grand espace, de sa liberté, du respect de son identité et de la reconnaissance de ses droits dans un espace étatique multiethnique et multiconfessionnel. C’est cela qui va rassurer et assurer la cohésion nationale ainsi que le vivre-ensemble.

 

Le Conseil de sécurité des Nations Unies doit refléter véritablement la diversité et les aspirations du monde d’aujourd’hui. Nous soutenons fermement le Consensus d’Ezulwini et appelons à une représentation plus équitable et plus démocratique au sein des instances décisionnelles. L’Afrique, avec ses 54 États membres, représentant plus d’un quart des membres de l’ONU, ne peut plus être reléguée à une place secondaire dans les décisions qui confèrent la paix et la sécurité mondiale. Nous appelons à ce que le continent africain obtienne des sièges permanents au Conseil de sécurité, avec tous les droits qui y sont associés, y compris le droit de veto.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

Face aux crises multiples qui secouent notre monde, il est évident que nos réponses doivent être collectives, humanitaires et en empathie avec les souffrances des peuples dans les zones en conflits. Partout, des populations souffrent des ravages de la guerre : des familles séparées, des communautés déplacées, des vies perdues, et des infrastructures vitales détruites. Que ce soit dans le conflit Russo-Ukrainien en Europe, au Moyen-Orient, entre Israël et la Palestine, en Afrique particulièrement au Soudan, ou dans d’autres régions du monde, les souffrances des peuples sont immenses et ne connaissent ni frontières ni nationalités.

 

À ces tragédies humaines s’ajoutent les effets dévastateurs du changement climatique, qui exacerbent les conflits et augmentent la vulnérabilité des plus démunis. En réaffirmant notre engagement à faire inscrire le « Massif du Fouta Djallon » sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, nous envoyons un signal fort en faveur de la préservation de nos écosystèmes où 15 États sont concernés. Par ce biais nous œuvrons à un changement des paradigmes dans la gouvernance régionale en Afrique de l’Ouest.

 

L’avenir de nos nations repose sur notre capacité à investir dans notre jeunesse, car elle représente la plus grande richesse de nos pays. En offrant aux jeunes les opportunités et les moyens de réaliser leur plein potentiel, nous pouvons lutter efficacement contre les maux qui les poussent vers l’immigration clandestine. L’immigration, loin d’être une solution, est en train de vider nos pays de leurs ressources humaines les plus précieuses. Par ailleurs, les avancées technologiques et numériques doivent être mises au service de tous. Nous plaidons alors pour un accès universel aux innovations technologiques, tout en veillant à ce que l’éthique demeure au cœur de leur utilisation. Comme disait François Rabelais : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ! ».

 

Excellence Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs,

 

Aujourd’hui, nous appelons les nations à se rassembler autour d’une vision commune, celle d’un monde qui place l’humain au centre de toutes ses préoccupations. Ensemble, nous pouvons surmonter les défis les plus ardus, éteindre les foyers de tension, et embrasser une paix durable.

 

Le monde nous attend ! Les Nations Unies, créées pour promouvoir la paix et la sécurité mondiale, doivent agir tant qu’il est encore temps pour faire taire les armes et les bombardements. La Guinée, quant à elle, nation souveraine et déterminée à forger son propre destin, se tient fermement sur la scène internationale avec une vision claire et indépendante.

 

Il y a un an, depuis cette même tribune, notre Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, a clairement exprimé notre engagement en faveur des intérêts de l’Afrique, en toute souveraineté sans se laisser influencer par des intérêts contradictoires qui sont extérieurs au continent. Aujourd’hui encore, cette orientation guide notre action, privilégiant avant tout le développement et la prospérité de notre continent.

 

Tel est le vœu de Son Excellence le Général de Corps d’Armée Mamadi

Doumbouya, Président de la République, et du peuple de Guinée : que nos actions d’aujourd’hui façonnent un avenir de paix et de lumière pour toutes et tous.

 

Vive la paix ! Ensemble, pour un monde meilleur !

Je vous remercie.

CELLULE DE COM