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« L’Unité Nationale et la nécessité de l’unité entre les guinéens ». C’est du moins, le thème d’un discours récemment tenu devant par Sékou Abdoulaye Camara devant les élèves du Lycée historique 02 octobre de Kaloum. Pour l’ancien professeur d’histoire dudit établissements scolaire avant son départ en 2007 pour les Etats-Unis, veut amener les jeunes à être ambassadeurs devant leurs parents pour un changement de comportement vis-à-vis des valeurs de la République pour un développement harmonieux. Ci-dessous, nous vous invitons à parcours ce discours lein de témoignage et d’enseignement.
DISCOURS SUR L’UNITE NATIONALE ET LA NECESSITE DE L’UNITE PARMI LES GUINEENS :
Il y a à ce jour 66 ans et quatre mois (2 octobre 1958 au 8 février 2025) que fut proclamée l’indépendance de la République de Guinée notre chère patrie.
Et comme aujourd’hui nous avons décidé de promouvoir et renforcer l’unité parmi les Guinéens, commençons au prime abord par rendre un hommage mérité aux hommes et femmes qui ont rendu notre indépendance possible. Et qui, en toute conscience, ont tenté de leur mieux de léguer à la postérité une nation débout et fière. Leur combat – aussi noble faut-il – est resté potentiellement inachevé.
Je veux rendre hommage aux pères fondateurs de cette brave nation. Je veux rendre hommage à Sékou Touré, Saifoulaye Diallo, M’Balia Camara, Barry Diawandou et Ibrahima Barry III, Mafory Bangoura, Fodéba Keita etc.
De jeunes patriotes, pas forcément très instruits – en fait ils n’avaient aucun grand diplôme – c’étaient en fait des instituteurs, des syndicalistes, des dramaturges, certains même des illettrés, qui avaient pour seules armes leur amour indéfectible pour leur patrie et leur foi inébranlable en l’avenir et le devenir de leur nation. Leur détermination et leur abnégation ont permis de lancer le jeune pays sur le digne mais pénible chemin de l’indépendance et l’autodétermination.
Le combat de nos pères fondateurs était loin d’être fini. Comme je l’ai affirmé tantôt. La république qu’ils nous ont léguée a toujours consacré dans les premières lignes de toutes ses constitutions, la nécessité impérieuse de l’unité parmi les Guinéens, de l’unicité et de l’indivisibilité de la Guinée. Elle garantit l’égalité et l’équité entre les fils et filles du pays et ouvrait déjà une brèche pour sa perfection dans les temps à venir.
Ces devanciers, aussi différents et opposées qu’aient pu être leurs politiques, leurs visions et leurs idéologies, ont pu, à cette période critique de l’histoire, mettre leurs divergences de côté pour unir leurs voix pour la cause commune : l’accession à l’indépendance.
Quelle leçon d’unité était-ce !
Quelle fierté sur le continent africain !
[…] Nous avons quant à nous autres héritiers de ces illustres personnes, une première et indispensable responsabilité : celle de poursuivre le travail qu’ils ont commencé sept décennies plutôt. Telle dans une course de relais, nous devons reprendre le flambeau ! Nous devons poursuivre la tâche Ô combien noble mais complexe, d’unification de toutes les composantes ethniques, tribales, claniques ou régionales de ce riche territoire béni de Dieu.
Nous devons recentrer le débat politique autour des défis cruciaux qui assaillent notre pays à l’ère des enjeux colossaux du développement durable.
Nous devons dépassionner les discours politiques et dépolitiser les relations sociales dans notre pays.
Ceci est la responsabilité dont je me suis affublé en décidant de tenir ce discours, d’écrire ce modeste ouvrage. Responsabilité qui sonne comme une obligation, un devoir de continuer la longue marche vers la perfection de notre République, de continuer à écrire la fabuleuse histoire de notre pays vers les sentiers sinueux de la prospérité, d’égalité et de liberté.
Ceci est ma mission ! notre mission.
Ceci est mon combat ! notre combat.
Le combat ultime de ma génération pour contrer la désintégration sociale de notre pays.
Je me tiens devant vous ce matin Mesdames et Messieurs, reconnaissant la lourdeur d’un tel fardeau et conscient de la complexité de ce combat. L’ultime défi étant : Comment amener une mosaïque de près de trente ethnies à dépasser leurs différences évidentes, dépasser leurs égos passionnels pour parler d’une même voix, privilégier l’intérêt national sans pour autant rejeter leurs caractéristiques particulières ?
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Ma très belle et brillante épouse, Adama Diallo, un jour me posa une question qui m’a rendu perplexe. Nous venions de visionner le documentaire sur la vie de Sory Kandia Kouyaté que je considère comme étant le plus grand chanteur guinéen de tous les temps. Dans ce documentaire, elle était agréablement surprise de constater que l’ensemble instrumental était composé de chanteurs, flutistes, choristes, balafongistes issus de toutes les ethnies de la Guinée ; et l’atmosphère conviviale, fraternelle qui régnait entre ces artistes qui ne tenaient compte que de leurs responsabilités envers la Nation.
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« Que penseraient ces gens-là de nous s’ils pouvaient voir ce que nous sommes devenus ? »
Je pouvais lire toute la sincérité et la désolation dans la voix de ma femme, l’inquiétude et la déception sur son visage.
Si Saifoulaye Diallo, Barry Diawandou revenait en vie aujourd’hui, quelle serait leur appréciation face au délitement de notre nation ? Eux qui ont su surmonter leurs différences idéologiques, sacrifier leurs ambitions politiques pour que naisse la Guinée indépendante.
Imaginez l’expression sur le visage de M’Balia Camara, Mafory Bangoura lorsqu’elles constateront le lambeau qu’est devenu notre tissu social ! Elles qui ont sacrifié leur vie pour la cause nationale.
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Dans ce DISCOURS SUR L’UNITE NATIONALE ET LA NECESSITE DE L’EGALITE ENTRE LES GUINEENS, nous allons évoquer la gangrène qui mine ce désir d’unité et cette volonté d’union : l’ETHNOCENTRISME.
L’ethnocentrisme est une plaie qui ronge la société guinéenne et l’anéantit à petit feu. L’ethnie est en effet instrumentalisée sans scrupule par les hommes politiques guinéens qui n’ont d’autre souci que leur boulimie du pouvoir. Cette manipulation politique de l’ethnie a considérablement entamé la cohésion sociale, surtout durant les périodes électorales.
Le clivage ethnique apparaît de manière proéminente dans la configuration des partis politiques ; les militants s’alignent de facto derrière le leader politique issu de leur groupe ethnique. Nous avons ainsi un parti à dominance malinké, un parti à dominance peule, un parti à dominance soussou et un parti soutenu par nos concitoyens forestiers. Toute opposition idéologique d’ordre politique entre ces partis se traduit irrémédiablement en une confrontation – parfois violente – entre les militants, donc entre les ethnies.
Et le plus triste dans tout ça est que nous avons assisté ces dernières années à l’émergence d’une forme inédite de radicalisme politique. Un parti est passé maître dans l’art de la manipulation la plus scabreuse et ubuesque, tandis qu’un autre est devenu chef dans la victimisation et des théories complotistes les plus éhontées. De grands groupes ethniques se retrouvent coincés dans ces querelles politiques et se livrent en conséquence à une sorte de guerre de l’usure, de guerre fratricide sans merci. C’est ce qu’est devenue la Guinée d’aujourd’hui. Un constat triste. Un constat alarmant. Une réalité pathétique !
D’autant plus pathétique que, aucune sphère de notre société n’echappe a l’infamie ethnique.
- De l’élection de Miss Guinée à la sélection des joueurs en équipe nationale ;
- De la nomination des hauts cadres à la fonction publique au recrutement dans l’armée nationale.
- Quand nos artistes se produisent à l’étranger ou Manamba Kanté reprend Bouloun Djuri de Binta Lali Sow, le débat dans la cité revêt inéluctablement les allures ethniques.
La montée de ce fléau n’est pas un problème que nous allons négliger en ce moment crucial de notre histoire. Nos sociétés sont en effet si largement imbriquées, si profondément mixées que nous n’admettrons point que des manigances politiciennes émiettent la solidarité et le vivre-ensemble qui régissent nos communautés depuis des siècles.
Le fait que les hommes politiques se servent de la fibre ethnique pour glaner quelques voix çà et là pendant les élections est déplorable. Faire comprendre à nos compatriotes que si untel accède au pouvoir, il leur prendra leurs terres, est indécent. De même que faire croire à d’autres compatriotes qu’ils appartiennent à une « ethnie mal aimée » est pathétique.
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Poursuivant ma réflexion, je peux soutenir ici plus haut encore qu’ailleurs que l’ethnocentrisme en Guinée est un fait politique d’abord, bien qu’il étende progressivement ses nocives tentacules dans l’harmonie de nos communautés. Un fait politique d’abord dis-je !
Que ni Sékou Touré, ni Saifoulye Diallo, ni Barry III, ni Mafory Bangoura, ni Fodeba Keita, ni David Soumah dans leurs luttes politiques pré et post indépendance ;
Que ni Lansana Conté, ni Boubacar Biro Diallo ni Jean Marie Doré dans leur combat pour l’implantation de la démocratie dans notre pays ;
Que ni les valeureux Ibrahima Fofana et Rabiatou Serah Diallo, Abdoulaye Sow, Aboubacar Soumah, dans leurs luttes syndicales ; ne peuvent se targuer d’être les représentants d’une quelconque communauté. Aucun d’eux ne se réclame ambassadeur d’une quelconque ethnie, d’un clan ou d’une région qui aurait primauté sur le reste de la Guinée.
C’étaient des leaders sans parti pris. C’étaient des leaders Nationaux tout court !!!
Mes très chers compatriotes, je vous exhorte à tuer en vous la haine ethnique et à combattre l’insensibilité morale – cette acceptation banalisée de l’injustice.
Qu’à chaque fois un adolescent est fauché par une balle à Bambeto ;
Qu’à chaque fois qu’une fillette est molestée ou violée à Bonfi, chaque fois que nos compatriotes se fracassent le crane a coup de machettes à Zogota en Forêt, nous devons avoir la même indignation. « L’injustice où qu’elle soit est une menace à la justice partout » disait Martin Luther King en 1963.
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Nous n’avons pas besoin de relater ici l’histoire des violences politiques à relents ethniques qui ont jalonné la grande histoire de notre pays. Des violences insensées dont nous aurions bien pu nous passer. Des zones entières de Conakry semblent être discriminées, ne bénéficiant que de trop peu d’infrastructures sociales de base : Trop peu d’écoles, trop peu de centres de santé et pas du tout d’espaces de jeu. La forte concentration des forces de l’ordre dans ces zones donne aux riverains un sentiment de discrimination, de ségrégation et d’exclusion de la grande Famille Guinéenne. Leurs frustrations constituent un terreau fertile pour la récupération politique.
Pour une Guinée UNIE et PROSPERE, il faut impérativement que tous les fils et filles de la nation soient traités sur les mêmes pieds d’égalité ; que les mêmes lois s’appliquent à tous les citoyens avec la même rigueur ou la même tolérance.
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Nous avons le choix dans ce pays. Ce choix est simple : nous pouvons accepter que les politiques nous opposent les uns contre les autres, ou nous pouvons rejeter leurs malsaines stratégies de division. Leur faire comprendre que notre diversité est une chance, que nous constituons une et une seule Nation et que quand nous nous réveillons le matin, nous sommes bercés par cette mélopée intemporelle, LA GUINEE EST UNE FAMILLE ;
Ce credo sacré qui est chanté par le griot au pied du baobab du village, la GUINEE EST UNE FAMILLE ; ce décibel scandé au rythme du yankadi ou du dundumba, LA GUINEE EST UNE FAMILLE ;
C’est cette voix mielleuse chantonnée au son de la flûte pastorale du troubadour, LA GUINEE EST UNE FAMILLE ;
C’est ce chant de routine repris à l’unisson par les femmes dans la campagne quand elles quittent le marigot, LA GUINEE EST UNE FAMILLE.
Ce leitmotiv époumonné par ce grand journaliste éditorialiste de la télévision nationale, LA GUINEE EST UNE FAMILLE.
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Pendant que nous nous battons pour l’unité nationale et que nous ambitionnons d’unir les Guinéens, il y a certains de nos compatriotes – animés d’un sentiment de mépris à l’égard de leur propre pays – qui s’évertuent à nous présenter comme une nation déchiquetée et sans espoirs. Des diviseurs en chef, des soi-disant blogueurs de faible capacité analytique, des politiciens sans projets de société, des pseudo activistes, demandeurs d’asile politique en Europe et en Amérique du Nord, des journalistes chroniqueurs qui aiment découper notre pays en fiefs politiques, en bastions de tel ou tel leader, je suis heureux de vous décevoir. Je vous dis ce matin :
Il n’y a pas de Guinée RPG, Il n’y a pas de Guinée UFDG, il n’y a que la REPUBLIQUE DE GUINEE
Il n’y a pas de Guinée UFR, il n’y a pas de Guinée PEDN, Il y a la REPUBLIQUE DE GUINEE.
Il n’y a pas de Guinée des Soussous ; Pas Guinée Peule, pas de Guinée Malinké, pas de Guinées des Guerzés, il y a la REPUBLIQUE DE GUINEE.
Nous aimons le Lakiri en Basse Guinée, nourriture peule pourtant, tout comme nous adorons le Wouré Bourèkhè en Moyenne Guinée, cuisine soussou par excellence.
Nous raffolons le tô partout dans le pays, Nous apprécions le Tombô aussi bien à Conakry qu’en Guinée forestière.
Nous ressentons le même émoi, le même battement de cœur quand le Syli National joue et célébrons à cœur-joie quand il gagne. La même colère quand il ne gagne pas. Nous ressentons la même fierté à chaque but marqué par Guirassy en Champion’s League ou en Bundesliga.
Nous sommes les fiers héritiers de nos devanciers. Nous sommes la République de Guinée, le pays qui s’est levé comme un seul homme pour arracher son indépendance et frayer la voie à d’autres pays africains pour choisir leur souveraineté. Nous restons unis dans notre diversité et nos différentes communautés vivent en harmonie depuis des temps immémoriaux et, il continuera d’en être ainsi.
Sékou Abdoulaye Camara, Consultant spécialiste du Développement Durable
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