FOOTBALL (Régional 1) – Benoît Sturbois : “C’était une belle aventure humaine”

Plus de deux semaines se sont écoulées depuis le dernier match de la saison face à Calais, qui a scellé le sort des Portugais d’Amiens. Après une fin de saison compliquée, et une descente en Régional 2, c’est avec du recul que leur entraîneur de cette saison, Benoît Sturbois, revient sur cet exercice 2024-25.

C’est une saison qui aura été éprouvante pour les Portugais d’Amiens, tant sur le plan physique que mental. Après deux saisons en Régional 1, Porto est malheureusement rétrogradé à l’échelon inférieur, à la suite d’une deuxième partie de saison difficile. Alors que Benoît Sturbois annonçait dans le même temps sa nouvelle aventure dans les rangs de l’Amiens SC, le technicien samarien est revenu avec nous sur cette campagne 2024-2025 semée d’embûches, et intense.

Avec du recul, quel est votre sentiment global sur la saison qui vient de s’écouler ?

« Beaucoup de regrets, parce qu’on n’a pas eu l’effectif qu’on avait sur le papier à notre disposition au début de la saison. On a beaucoup de paramètres qui sont venus complexifier notre tâche. Les joueurs qui étaient blessés, qui ont signé, qu’on aurait aimé avoir, on a jamais pu les utiliser. Entre les longues périodes de blessure de plusieurs joueurs, et certains départs pour raisons professionnelles, cela a été compliqué. C’est une saison qui a été difficile au niveau de l’effectif. Maintenant, j’ai passé humainement, avec le groupe, une superbe saison. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir avec le staff et avec les joueurs. Franchement, c’était une de mes saisons les plus abouties sur le plan humain. On a passé de super moments, malgré les derniers mois qui ont été compliqués. Parallèlement à ce qu’a pu dire le président, les joueurs ont toujours tiré le meilleur d’eux-mêmes. Ils ont toujours cru au projet, ils nous ont toujours suivi. Je n’ai jamais pensé le contraire. J’ai toujours senti les joueurs derrière nous et ils nous ont toujours sentis derrière eux. Maintenant, ce qui nous a fait défaut, c’est peut-être le fait de devoir jouer à un maintien. On a manqué un peu de fraîcheur dans le sprint final. Pour moi, ça reste une bonne saison. Vu qu’il y a une descente, on est forcément déçus pour les joueurs comme pour le club. Mais sur le plan humain, c’est une bonne saison. Sur le plan sportif, c’était une très bonne première partie de saison, la deuxième partie était beaucoup moins aboutie. »

« Franchement, c’était une de mes saisons les plus abouties sur le plan humain. »
Benoit Sturbois, entraîneur des Portugais d’Amiens

En première partie de saison vous vous êtes hissés à la troisième place du classement, qu’est ce qui a fait que la dynamique s’est peu à peu brisée ?

« C’est le départ, la blessure et le deuxième départ de trois joueurs : Samson Seguenebou, qui se fracture la cheville lors du même match où Momo Tougouman nous annonce son départ en National 3. Un mois plus tard, c’est Maxime Coupelle qui arrête pour des raisons professionnelles, il partait à Dijon pour une reconversion. On perd notre défense centrale et notre joueur à vocation défensive. À ce moment-là de la saison, il ne faut pas oublier qu’on n’a toujours pas Facquier, qui est toujours blessé. Lahbiri, qui n’est pas revenu et ne reviendra finalement jamais de blessure. Morgane Mauquit, qui n’est pas revenu et qui ne reviendra pas non plus par rapport à une blessure. On est amputé de gros joueurs. Antoine Savoye également, au milieu de terrain. Ça fait beaucoup de départs pour notre ossature défensive, notre colonne vertébrale, et ça nous a grandement handicapés. C’est ce qui nous a forcé à revoir notre défense centrale en faisant jouer des joueurs qui n’étaient peut-être pas prêts, des joueurs qui n’étaient pas à leur poste. Il a fallu composer chaque week-end avec un groupe différent. Ça a été le début des complications. Si on avait pu garder un des deux, soit Seguenebou ou Tougouman, cela nous aurait probablement fait beaucoup de bien. C’est en partie ce qui fait qu’on a sombré sur la deuxième partie de saison. »

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Benoît Sturbois quitte donc le club des Portugais d’Amiens après y être resté six saisons.

Au niveau personnel, c’était une saison particulière, jusqu’ou êtes-vous allé dans votre investissement personnel pour l’équipe ?

« C’est aussi un travail avec le staff, je ne tire pas la couverture vers moi. On a toujours donné le maximum de nous-mêmes. On a essayé de dédoubler les séances, et d’aménager au mieux pour que les joueurs puissent être compétitifs et puissent récupérer. Comme on avait un effectif très réduit, on a essayé pas mal de leviers. Les joueurs étaient réceptifs, investis. À l’entraînement, il y avait de la qualité. Il n’y a aucun signe qui aurait pu nous dire que c’était compliqué. Pour ce qui est de l’investissement, on n’a jamais triché, comme les joueurs non plus n’ont jamais triché. C’est difficile de dire ce qu’on a mis en place parce qu’on est resté toujours sur la même ligne de conduite en essayant à chaque fois d’accentuer sur les choses qui n’allaient pas pour essayer d’être le plus performant possible. On a essayé de mettre en place de la vidéo avec les joueurs individuellement. On a essayé sur les séances d’individualiser en fonction des postes pour essayer d’être le plus performant possible. Je pense qu’on a tout fait. Visiblement, ce n’était pas assez parce qu’on n’a pas réussi à se sauver. En tout cas, je pense qu’on a fait le maximum, et que les joueurs ont fait le maximum. Maintenant, c’était écrit que le club allait descendre. Je n’aime pas trouver des excuses, je cherche toujours des solutions. Là, on a essayé de trouver des solutions, il faut constater qu’on ne les a pas trouvées. »

Cette mauvaise série en fin de saison n’était-elle pas finalement plus mentale que sportive ?

« Non, parce que sur le plan mental, les joueurs ont été au bout d’eux-mêmes. C’est vrai qu’effectivement, on n’était pas armés pour jouer une descente. Il y a de toute façon un petit peu de ça, quoi qu’on en dise. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des joueurs qu’on ne pouvait pas faire souffler. C’était impossible de sortir des joueurs au vu des résultats qu’on faisait, où on ne se mettait jamais rapidement à l’abri. Quand on arrivait à le faire, on n’a jamais pu se permettre de faire souffler deux, trois cadres sur le banc pour essayer de les faire récupérer. Ils ont dû jouer tous les matchs. Et à partir de janvier, on n’a jamais pu économiser les joueurs. C’est surtout sur le plan athlétique où on était sur de la récupération. On travaillait en collaboration avec Amélie Brassard, la kiné du club, qui a fait un travail formidable. Mais on n’a jamais pu les faire souffler. Et c’est ce qui a fait qu’on a manqué de fraîcheur, c’était plus une explication physique que mentale. » 

Est-ce que vous avez des regrets sur cette fin de saison assez difficile ? Il y a des choses que vous changeriez avec le recul ?

Pas du tout. Je vous dis, les regrets, c’est de ne pas avoir pu jouir de l’effectif qu’on avait au départ. Si je vous montre toutes les licences avant que la préparation débute, je pense qu’on avait un effectif énorme et de qualité, que des joueurs ayant évolué pour la majorité en N2 et N3, certains même en national avec Mauquit et Lahbiri, c’est des joueurs qui n’ont jamais joué. On avait un effectif énorme. Mais le regret, c’est de ne pas avoir pu avoir ces joueurs à disposition, de ne pas avoir pu mettre en concurrence les joueurs pour tirer le meilleur d’eux-mêmes et aussi de ne pas avoir pu avoir l’effectif pour les faire souffler. Cela nous aurait permis d’avoir des joueurs frais à chaque match et d’avoir sans aucun doute des résultats nettement meilleurs que ceux qu’on a pu avoir sur la deuxième partie de championnat. 

Sur quoi s’est justement basée votre décision de quitter le club ?

« Pour être très clair, ça fait depuis quelques mois où je prenais beaucoup de plaisir sur le plan humain et sportif, mais je sentais peut-être que j’arrivais à un virage et qu’il fallait peut-être passer à autre chose. Alors passer à autre chose, ça ne voulait pas dire forcément changer de club, puisque j’ai fait trois clubs en 18 ans. Des piges de 6 ans, 6 ans au PTT, 6 ans à l’AC Amiens, donc là 6 ans au Portugais d’Amiens. Je suis quand même quelqu’un de relativement fidèle et quand je fais un projet, j’essaie de le mener à bien. Mis à part cette descente, j’ai le sentiment du devoir accompli à Porto avec une montée historique en R1, un maintien en R1. Le club est plus en lumière avec l’apport du staff, et des joueurs. On a fait aussi un septième tour de Coupe de France, ce qui est le meilleur résultat du club dans cette compétition. On a le sentiment du devoir accompli et j’avais envie de voir autre chose. Alors comment, et sous quelle forme, je ne savais pas trop, mais je ne voulais pas discuter avec qui que ce soit avant que le championnat soit terminé. J’ai été voir le président en disant que je ne souhaitais plus continuer, que ça lui laissait le temps de pouvoir trouver un autre coach. Le président n’était pas pour au début, pour être très honnête, ma décision était prise et je suis quelqu’un qui est très droit et quand je prends une décision, je ne reviens pas dessus. Mais ça n’est en rien lié avec la descente, je le dis, je le répète et j’insiste là-dessus. Je suis d’ailleurs encore en contact avec Abilio (Président du club des Portugais d’Amiens), tous les jours parce que je suis en train de suivre le recrutement, pour que les joueurs ne s’éparpillent pas partout. » 

Qu’allez-vous retenir de votre passage à Porto, humainement et sportivement ?

« C’était une belle aventure humaine avec des hauts et des bas comme un peu partout. Maintenant, je garde de bons souvenirs avec de très belles rencontres. Chacun avec ses défauts, ses qualités, comme moi. Les gens m’ont accepté comme ça, je les ai acceptés comme ça. Et quand on part sur un projet, il faut aussi mettre de l’eau dans son vin, comme on dit. Aujourd’hui, je pense qu’afin que les relations continuent à être bonnes, c’était le bon moment de peut-être tourner la page de ce chapitre et en ouvrir un autre. »

Victor Simonet
Crédits photos : Théo Bégler – GazetteSports.fr

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