Ayant pris le parti de ne pas faire les choses comme les autres constructeurs auto, Tesla a procédé à une mise à jour surprise de sa berline électrique, la Model 3. Bien qu’il ne consente pas à utiliser le terme de restylage (sans doute trop estampillé automobile traditionnelle), le constructeur californien a pourtant fait exactement ou presque ce que font ses rivaux lorsqu’ils doivent moderniser une voiture commercialisée depuis des années.
Mais la Model 3 n’est pas n’importe quelle voiture, c’est l’un des modèles les plus vendus au monde (seulement dépassé par sa grande soeur, la Model Y). De fait, les changements sur un modèle aussi populaire méritent qu’on s’y attarde, surtout lorsqu’ils ont un impact sur les performances du véhicule…
Quelques retouches ciblées à l’extérieur
Pour ceux qui n’auraient pas encore vu la nouvelle Model 3 (2024), le choc visuel devrait être atténué par la relative subtilité des changements externes. Pour le dire autrement, esthétiquement la berline électrique de Tesla a très peu évolué. Néanmoins ces modifications sont loin d’être anodines. L’essentiel des évolutions esthétiques se trouve à l’avant, avec tout d’abord un bouclier qui a été redessiné et, surtout, l’élément le plus notable, une nouvelle signature optique aux traits plus affinés et indéniablement plus réussie. Les regards experts s’apercevront également que le capot est légèrement plus bombé que celui de la version précédente.
À l’arrière aussi il y a du nouveau, toujours du côté des optiques désormais mieux intégrées mais aussi sur le bouclier arrière, lui aussi affiné. Outre les phares arrière, c’est la signature Tesla qui s’étale de part et d’autre du hayon, en remplacement du logo, qui représente la modification la plus notable.
Ces quelques changements extérieurs importants ne modifient pas radicalement l’aspect de la berline électrique. La Model 3 se reconnaît en un coup d’œil, mais elle est désormais un peu plus moderne et un peu plus sportive d’aspect.
Dès lors pourquoi, on ne classe pas ces changements d’aspect au rang de retouches dérisoires ? Tout simplement parce que ces retouches, aussi anodines puissent-elles paraître, ont un impact réel sur les performances de la voiture et plus particulièrement sur l’autonomie. En modifiant même légèrement le design de sa berline, Tesla améliore aussi son aérodynamisme, calculé par son coefficient de trainé (Cx). Celui-ci passe de 0,23 à 0,219. En conséquence, selon le niveau de finition et la taille des roues, la Model 3 affiche de 20 à 40 km supplémentaires d’autonomie grâce à ces seuls changements.
Les roues, justement, constituent la dernière modification sur la Model 3 (2024). Celle-ci est disponible avec des nouvelles jantes et un enjoliveur aéro redessiné en 18 ou 19 pouces. Sans surprise, les meilleures autonomies se retrouvent sur les versions dotées de roues petit format.
Finalement, ces changements ne changent pas l’allure générale de la Model 3, mais ils lui donnent un peu plus de caractère sans remettre en cause ses fondamentaux. Sur ce point, on est sur un restylage à priori classique. Mais les choses vont radicalement dès qu’on aura ouvert les portières de la voiture.
Un habitacle qui change de division
En effet, c’est à l’intérieur que la nouvelle Model 3 réserve ses plus grandes nouveautés. Dès le premier coup d’oeil, nous sommes frappés d’une évidence. L’habitacle de la Model 3 a gagné en qualité. Tesla a fait un travail assez remarquable sur ce qu’on a coutume de définir comme la « qualité perçue » et qui regroupe aussi bien le choix des matériaux que le niveau de finition à l’intérieur d’un véhicule. Plastiques plus souples, doublés de mousse, utilisation de revêtement en tissu et même une nouvelle sellerie, les designers californiens n’ont rien oublié et chaque changement se caractérise par une montée en gamme perceptible.
Plusieurs éléments distincts permettent également de s’en rendre compte si on est pas habitués à caresser des plastiques issus de l’industrie auto. Tout d’abord un « nouvel » écran, toujours de 15 pouces. Il s’agit en réalité d’une nouvelle dalle, toujours aussi lumineuse et réactive, mais plus fine et doté d’une surface d’occupation de l’écran plus importante grâce à une diminution de la taille de ses bordures. On est encore loin de la finesse d’un écran de TV OLED, mais pour une voiture, un tel équipement est notable. Idem avec l’ajout de ce bandeau LED qui va de part et d’autre du tableau de bord et qui permet de changer l’ambiance à bord (le choix du coloris est possible, via l’écran central).
Enfin, les passagers à l’arrière disposent désormais de leur propre écran… entre les deux sièges avant. Celui-ci, de taille modeste (8 pouces) permet en plus de changer la climatisation de profiter de quelques contenus, comme Netlfix, Twitch et bien sûr de la musique (Spotify). Il est accompagné de deux ports USB-C mais aussi doté d’une connectivité Bluetooth ce qui permet à deux passagers arrière d’y relier leur casque ou intra sans fil. Bien entendu, ce second écran peut-être verrouillé par les utilisateurs à l’avant ce qui permet de limiter le temps d’écran des enfants (mais qui n’améliore pas nécessairement la quiétude du voyage).
Mais il y a également des nouveautés moins visibles pour ne pas dire invisibles dans cette nouvelle Model 3 (2024). Le premier concerne le système audio qui a été entièrement revu. Celui-ci va différer selon qu’on se trouve à bord d’une Model 3 Propulsion ou Grande Autonomie. La première, celle de notre test, dispose de 9 haut-parleurs là où la seconde passe à 17.
Jusqu’ici, tous les sièges de la Model 3 étaient chauffants. Désormais les places conducteur et passager auront aussi des sièges ventilés, une option habituellement réservée à des modèles premium. Les progrès en termes de qualité audio sont perceptibles, sans toutefois être bluffants. Sur ce point, la Model 3 Propulsion se situe parmi les bons élèves de la classe auto, sans renverser la table pour autant. Il en va de même pour l’isolation de cette nouvelle Model 3. Tesla a beaucoup communiqué sur les progrès réalisés en matière de filtration des bruits de la route. Pour notre part, notre essai confirme une légère amélioration, mais le changement ne nous a pas semblé aussi flagrant que le suppose le constructeur.
L’ensemble de ces modifications contribue à une amélioration sensible du confort à bord de la Model 3. Et de fait, la différence est abyssale lorsqu’on compare l’habitacle de cette version 2024 aux premiers véhicules livrés lors de la commercialisation de la berline. Pourtant, là n’est pas le changement majeur à notre sens. Celui-ci se situe sur et autour du volant. En effet, dans sa quête de faire disparaître la majorité des commandes physiques de la voiture, Tesla a enterré les deux derniers commodos qui persistaient de part et d’autre du volant.
Toutes ces commandes ont été déportées soit sur le volant, soit sur l’écran. Ce qui pourrait paraître anodin pour l’activation des phares ou des essuie-glaces l’est beaucoup moins pour deux autres éléments : les clignotants et le levier de vitesse. Ce dernier a été assez habilement transféré sur l’écran, sur le bord externe gauche, le plus proche du conducteur. Il suffit de glisser son doigt vers l’avant ou l’arrière selon que l’on souhaite engager le rapport « Drive » ou la marche arrière. D’ailleurs Tesla compte aller plus loin et propose déjà dans les options (en bêta pour le moment) une fonctionnalité qui permet de se passer également de cette étape. Dès lors que l’utilisateur est installé et prêt à démarrer, la Model 3 se sert de ses caméras pour déterminer s’il faut engager la marche avant ou arrière, le conducteur n’ayant qu’à presser sur l’accélérateur pour valider le choix de la voiture. En attendant, cette « boîte de vitesses auto » sur l’écran s’adopte immédiatement. C’est plus compliqué en ce qui concerne les clignotants.
L’épineuse question de la touche “clignotant”
En effet, les clignotants sont désormais séparés en deux boutons (un pour chaque direction) et séparés par une légère nervure en plastique pour aider le conducteur à les situer sans avoir à détourner le regard de la route. Jusqu’ici rien de bien complexe. Assurément, il faut plusieurs jours pour ce faire à ce nouvel emplacement et cesser de chercher le commodo là où il se trouve habituellement.
Or le temps imparti pour notre essai, une journée, ne nous a pas permis de mesurer le temps nécessaire pour adopter ces nouveaux clignotants. Ce qui paraît clair en revanche, c’est que dans certaines situations, lorsque le volant est tourné à plus de 45°, en prenant un rond-point par exemple, la position des mains ne semble pas idéale pour jouer sur les clignotants. La question qui en résulte est la suivante : qu’est-ce qui relève de l’habitude à prendre (ou à désapprendre) et qu’est-ce qui relève de l’ergonomie ? Assurément pour répondre à cette interrogation, un essai de plus longue durée ou un retour des premiers utilisateurs paraît indispensable.
Mêmes sensations de conduite, mais encore plus d’efficience
Nous passerons rapidement sur le chapitre de la conduite. Pour l’essentiel, les performances sur la route de la Model 3 ne changent pas d’un iota. Si vous avez déjà lu notre test de la version Performance, ou tout autre essai sur le modèle, vous savez déjà tout du comportement de la berline électrique.
En revanche, en plus du gain en confort, c’est sur l’autonomie que ces modifications ont des répercussions. En effet, l’amélioration de l’aérodynamisme que nous évoquions plus tôt se retrouve sur les statistiques de consommation de la berline californienne. Tesla annonce 513 km d’autonomie avec une charge en chaussant les jantes de 19 pouces et jusqu’à 554 km en optant pour les roues de 18 pouces. À noter que le constructeur s’en remet également à un nouveau jeu de pneumatiques plus adaptés à l’électrique (des Michelin e-Primacy pour les 18’’ et des Hankook iOn Evo pour les 19’’) pour améliorer son autonomie de 20 à 40 km par rapport à la précédente version.
Dans les faits, ces valeurs sont assez proches de la réalité. Lors de notre test nous avons oscillé entre 12 et 13 kWh/100 km, soit au niveau de ce qu’annonce le constructeur. Notre consommation a pu dépasser les 16 kWh lorsque nous avons adopté une conduite plus sportive, mais ces pics de consommation ne nous ont pas empêché d’afficher une consommation exemplaire. En revanche, nous n’avons pas pu tester la Model 3 (2024) suffisamment longtemps sur autoroute. Les quelques kilomètres effectués à 130 km/h nous ont permis de constater une consommation aux alentours de 19 kWh/100 km, mais l’échantillon est trop faible pour que nous puissions en tirer une conclusion ferme et définitive.
Pour autant, sur cette simple base, et sur nos essais précédents en Model 3, il nous paraît évident d’affirmer qu’une Model 3 Propulsion peut permettre de voyager, qu’elle dépasse assez facilement les 300 km d’autonomie sur autoroute (notre seuil) et qu’elle bénéficie en plus du réseau de bornes de recharge classique d’un réseau de Superchargeurs qui ne cesse de progresser en France comme dans le reste de l’Europe (13 000 nouveaux Superchargeurs en 2023 sur le Vieux Continent).
La Tesla Model 3 (2024) face à la concurrence
Les années passent et un constat demeure : la Model 3 n’a toujours pas de concurrent à son niveau si ce n’est… la Model Y. En effet, au même tarif que la berline électrique de Tesla on retrouve d’une part presque aucune berline, mais des véhicules électriques qui sont rarement aussi puissants et toujours moins performants en matière d’autonomie. En effet, à notre connaissance aucun véhicule à moins de 40 000 euros bonus compris, ne propose plus de 500 km d’autonomie.
La Model 3 y parvient avec en plus l’insolence de progresser sur ce qui était sa faiblesse la plus remarquée : la qualité de son habitacle. Et que dire du niveau d’équipement proche des premium, mais disponible de série. Certes, la nouvelle version de la Model 3 a augmenté de 1 000 euros (elle se vend à partir de 42 990 euros), certes, dans quelques semaines, elle risque d’être privée de bonus écologique. Mais même dans ces conditions, elle offre le meilleur rapport qualité/prix du marché. Sachez d’ailleurs que compte tenu des délais de livraison et du temps nécessaire à la mise en place des nouvelles règles du bonus, tous les acheteurs qui feront le choix d’une Model 3 devraient bénéficier de l’aide de l’Etat au moins jusqu’au 15 décembre. Au-delà, il faudra regarder de près la date supposée de la livraison.
Verdict de l’essai :
Plus séduisante, nettement mieux équipée et un peu plus agréable à conduire, cette nouvelle Model 3 (2024) fait un carton plein. Ce qui aurait pu être un restylage classique s’avère en réalité un tournant pour la berline électrique qui passe un palier en termes de finitions et de qualité de son habitacle. La meilleure berline électrique du marché s’améliore encore un peu plus et devrait rester au sommet de sa catégorie… avec ou sans bonus écologique.