Le FC Barcelone et certains de ses anciens dirigeants inculpés par la justice espagnole pour des soupçons de corruption des instances arbitrales

Un supporteur du FC Barcelone tient un billet à l’effigie de Joan Laporta, président du club entre 2003 et 2010 et depuis 2021, lors de la rencontre entre l’équipe catalane et le Real de Madrid, dans la capitale espagnole, le 2 mars 2023.

La justice espagnole a inculpé, vendredi 10 mars, le FC Barcelone et certains de ses anciens dirigeants pour « corruption », « abus de confiance » et « faux en écritures de commerce » dans l’affaire des versements d’argent suspects du club catalan à Jose Maria Enriquez Negreira, ex-haut responsable de l’arbitrage espagnol, également poursuivi.

Ces poursuites, décidées par le parquet de Barcelone, visent le Barça en tant que personne morale, ainsi que Josep Maria Bartomeu, à la tête du FC Barcelone entre 2014 à 2020, et Sandro Rosell, président du club catalan entre 2010 et 2014. Oscar Grau et Albert Soler, membres de l’ancienne équipe de M. Bartomeu, sont également poursuivis.

Saisi par le fisc sur de possibles irrégularités dans le paiement des impôts d’une entreprise appartenant à Enriquez Negreira, le parquet avait ouvert une enquête préliminaire au printemps 2022 afin de vérifier le motif et le cadre de ces versements d’argent.

« Le FC Barcelone a obtenu et maintenu un accord verbal strictement confidentiel avec José Maria Enriquez Negreira afin que, en sa qualité de vice-président du comité technique arbitral et en échange d’argent, ce dernier mène des actions tendant à avantager le FC Barcelone dans la prise de décision des arbitres », a expliqué le parquet.

Les sommes ont pu servir à corrompre des directeurs de jeu

L’annonce de poursuites contre le Barça et ses anciens présidents, qui est désormais entre les mains du tribunal d’instruction numéro un de Barcelone, marque une étape importante dans la judiciarisation de ce scandale arbitral, de nature à fragiliser le club catalan. D’après le parquet, le club catalan a versé au total plus de 7,3 millions d’euros à José Maria Enriquez Negreira, ancien arbitre et ex-vice-président du comité technique arbitral de la Fédération royale espagnole de football entre 1994 et 2018.

Ces paiements, effectués par l’intermédiaire de l’entreprise Dasnil 95, appartenant à M. Negreira, ont débuté en 2001 et pris fin en 2018, quand ce dernier a perdu son poste de numéro deux de l’arbitrage espagnol et que le comité technique arbitral espagnol a été restructuré. Selon le FC Barcelone, qui nie toute irrégularité, Dasnil 95 a été payée pour conseiller le club sur des questions arbitrales, mais la justice espagnole pense que les sommes en question ont pu servir à corrompre des directeurs de jeu.

« Le Barça n’a jamais acheté d’arbitres et n’a jamais eu l’intention d’en acheter, que cela soit bien clair », a assuré mardi l’actuel président du FC Barcelone, Joan Laporta, lors d’une conférence de presse. Un message conforme à celui de M. Negreira, qui nie toute faveur faite au Barça. Sur le plan sportif, le FC Barcelone ne risque rien, à tout le moins en Espagne : les faits, vieux de plus de cinq ans, sont en effet considérés comme prescrits, selon le président de la Liga, Javier Tebas. On ignore encore à ce stade la position de l’UEFA et de la FIFA.

Sur le plan pénal, les dirigeants mis en cause risquent des peines de six mois à quatre ans de prison. Les sanctions à l’encontre du Barça pourraient aller de « la suspension de l’activité » du club « jusqu’à sa dissolution » pure et simple en tant qu’entreprise, selon Alberto Palomar, professeur de droit à l’université Carlos III de Madrid, consulté par l’AFP.

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L’affaire Negreira a jeté le doute sur le corps arbitral espagnol, qui a publié la semaine dernière un manifeste demandant que les actions présumées d’une personne ne viennent pas « ternir » l’« image » et l’« honneur » de la profession. « Le problème nous préoccupe parce qu’il nuit au football et au sport espagnols », a assuré de son côté mardi le ministre de la culture et des sports, Miquel Iceta.

Le Monde avec AFP

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