Premier Ballon d’Or africain de l’histoire, le légendaire attaquant des Aigles du Mali et de l’AS Saint-Etienne, Salif Keïta, s’est éteint ce samedi 2 septembre à l’âge de 76 ans.
Salif Keita n’est plus 🥲
Nous souhaitons toutes nos condoléances à sa famille ainsi qu’a la famille du Sport malien
Salif Keita « Domingo » qui a été le premier Ballon d’or africain s’est éteint à l’âge de 76 ans 💐
Nous le remercierons jamais assez pour son apport au… pic.twitter.com/SnAWZLwH4h
— Les Aigles Du Mali 🇲🇱🦅 (@AiglesDuMali_) September 2, 2023
Précurseur, créatif, novateur et redoutable buteur, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cet incroyable joueur que fut le mythique canonnier malien, Salif Keïta, surnommé affectueusement « Domingo« .
Attaquant hors pair, idole de toute une génération au Mali et en Afrique des années 60, «La Panthère Noire», fut l’un des premiers joueurs africains à s’imposer de son vivant, comme étant une légende reconnue à travers l’Europe et le Monde.
Au-dessus du lot dès son plus jeune âge, le natif de Bamako a affuté ses premières armes en championnat du Mali du côté des Pionniers de Ouolofobougou à l’âge de… 15 ans. Il glane grâce à ses prouesses une première sélection chez les Aigles à seulement 16 printemps et demeure à ce jour le plus jeune international de l’histoire de son Pays.
Un seul exercice suffit au jeune phénomène malien pour se tailler une solide réputation chez les observateurs des clubs de la capitale. Il ne tarda alors pas à rallier les rangs du prestigieux Stade Malien de Bamako. Dès son premier exercice en 1964/1965, il mena ses partenaires vers la toute première finale de la Ligue des Champions africaine, perdue à Accra face aux Camerounais d’Oryx Douala (1-2).
Débarquant dans la foulée chez le grand rival, l’AS Real Bamako, le jeune prodige s’affirme alors comme la star incontestée du football malien menant notamment les siens vers trois titres de champions du Mali et trois Coupes nationales.
En 1965, il retrouve une nouvelle fois la grande finale de la plus prestigieuse des compétitions de clubs alors nommée Coupe des Clubs champions. Malgré son titre de meilleur buteur de l’épreuve-phare du football africain avec l’impressionnant total de 14 réalisations signées en seulement 8 apparitions, l’attaquant vedette des « Scorpions » cède de nouveau au finish face au Stade d’Abidjan.
Le seul point noir à l’éloquent tableau de chasse de l’emblématique capitaine des Aigles, demeurera toutefois qu’il n’aura jamais réussi à décrocher un titre continental. Malgré ses mémorables prouesses en sélection qu’il mena vers la grande finale de la CAN 1972, il se retrouve en effet une nouvelle fois contraint de se contenter de la deuxième place au Cameroun, en s’inclinant face au Congo (2-3).
Sa légende, le premier ballon d’or africain de l’histoire la forgera en Europe. En effet, et en 1967, un certain Charles Dagher, un Libanais installé à Bamako, recommande aux dirigeants de l’AS Saint-Etienne de s’intéresser au jeune attaquant aux statistiques exceptionnelles. Convaincus par son potentiel, les Stéphanois invitent alors l’attaquant malien à participer à un stage.
Son arrivée en France fut toutefois un long et dur périple. Sa Nation refusant qu’il exporte son énorme talent de footballeur en Europe, Keïta se rend alors clandestinement au Liberia pour rejoindre la capitale française. A Monrovia, avant de prendre l’avion, il se fait agresser et voler tous ses biens. Arrivé à l’aéroport de Paris-Orly, deux jours avant la date prévue, personne ne l’accueille puisque les émissaires stéphanois n’étaient pas prévenus de son arrivée.
Le jeune Keita demande alors, épisode fameux, au premier taxi venu de l’emmener à « Geoffroy-Guichard », à Saint-Etienne, à 500 kilomètres au sud ! Le chauffeur s’étonne, mais Salif Keïta, sûr de lui, affirme que le club paiera la course.
Les dirigeants des Verts paieront effectivement la facture du taxi qui s’élevait à 1 060 francs, (soit 1 314 euros). Et ils ne regretteront pas leur ‘investissement’…
En cinq années passées sous la prestigieuse vareuse stéphanoise, le «serial-buteur» malien a fait parler la poudre à 120 reprises en 149 matches, remportant au passage trois titres de champion de France (1968, 1969 et 1970), un doublé historique coupe-championnat en 1970, ainsi qu’un « Soulier d’argent » (récompense pour le deuxième meilleur buteur européen avec l’incroyable total de 42 buts sur l’année civile 1972).
L’histoire d’amour entre les supporters stéphanois et leur buteur vedette est telle qu’en 1968, le club prend une panthère noire pour mascotte, en hommage au légendaire malien. Cette panthère demeure à ce jour l’emblème de l’ASSE.
En froid avec les dirigeants stéphanois lors de l’été 1972, la «Panthère Noire» quitte le Forez pour Marseille. Pour son premier match avec l’OM, le sort lui réserve le droit d’affronter son ancienne équipe face à laquelle il signe… un doublé !
Durant son court séjour chez les Phocéens, il signe la bagatelle de 10 buts en 18 apparitions, avant de quitter le club olympien pour des raisons administratives après seulement une saison passée à l’OM. Suivront ensuite des expériences espagnoles et portugaises sous les maillots du FC Valence (1973-76, 23 buts) et du Sporting Portugal (1976-79, 32 buts) avant d’achever sa riche carrière aux Etats-Unis du côté du New England Tea Men (1979-80, 17 buts).
Les inconditionnels du sport-roi garderont du grand Salif Keïta l’image d’un buteur exceptionnel mais également d’un homme libre qui a ouvert la voie aux futurs dignes ambassadeurs africains en Europe. Des légendes du ballon rond qui seront adoubés ensuite partout à travers le «Vieux Continent».