300 000 abonnés mobiles et 150 000 abonnés fixe de moins en un an : Altice, la maison mère de SFR, a publié ses résultats financiers annuels pour 2023, une année qui a été plus que difficile. Les perspectives pour 2024 ne sont pas meilleures.
Des abonnés en chute libre, et une dette qui augmente : c’est la double peine pour SFR, qui a annoncé avoir perdu près d’un demi-million de clients l’année dernière, sur un total de 20 millions. Lors de la présentation de ses derniers résultats financiers, qui avait lieu mercredi 20 mars, Altice France, sa maison-mère, a communiqué plusieurs mauvaises nouvelles.
- Son chiffre d’affaires a baissé de 1,3 % par rapport à 2022(à 11,16 milliards d’euros ).
- Son bénéfice opérationnel (Ebitda, un indicateur financier correspondant aux bénéfices du groupe avant paiement des intérêts et des impôts) a diminué de 4,3 %, pour atteindre les 3,923 milliards d’euros.
- Sa dette a augmenté, passant de 23,8 à 24,3 milliards d’euros.
- Et pour couronner le tout, l’opérateur a perdu en un an 300 000 abonnés mobiles et 150 000 abonnés fixe. Entre le troisième et le quatrième trimestre 2023, on relève 231 000 abonnés mobiles et 73 000 abonnés Internet fixe en moins.
Seule bonne nouvelle : SFR enregistre 400 000 clients fibre en plus en 2023.
Céder des actifs pour faire face aux prochains remboursements de la dette
Pour les analystes, ces pertes d’abonnés sont loin d’être une surprise : le groupe piloté par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi avait déjà expliqué dans les colonnes des Échos que la stratégie de redressement ne passerait pas par la conquête de nouveaux abonnés. En octobre dernier, Mathieu Cocq, PDG de SFR, soulignait chez nos confrères qu’il n’était désormais plus question de « course au volume à tout prix » ou de « de brader nos offres » – le modèle qui prédominait jusqu’alors. L’idée était de « moins recruter de clients », « mais de mieux les garder ».
Ce dernier objectif n’a pas été atteint pour l’instant. Le groupe, qui a supprimé ses offres promotionnelles sur le fixe, aurait perdu les clients privilégiant les abonnements les plus économiques, dans un contexte où le pouvoir d’achat est particulièrement mis à mal. La concurrence sur le marché français a aussi joué un rôle, a expliqué Altice pendant la conférence de presse.
Cette semaine, le groupe a répété que sa priorité restait la même : réduire la dette abyssale de 60 milliards d’euros qui pèse sur l’opérateur dans le monde – dont 23,8 milliards d’euros pour la France.
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Les mauvaises nouvelles pour Altice ne datent pas de l’année dernière. Depuis la remontée des taux d’intérêts, le groupe ne peut plus emprunter pour rembourser ses prêts précédents. Pour faire baisser sa dette, Patrick Drahi a annoncé la semaine dernière qu’il vendait BFMTV et RMC à Rodolphe Saadé, le milliardaire aux manettes de l’armateur CMA-CMG, pour plus de 1,5 milliard d’euros.
D’autres cessions pourraient être finalisées — comme celle de Meo, l’opérateur au Portugal — ou envisagées, comme celle de La Poste Mobile ou encore de Xpfibre, son réseau de fibre optique, rapportait L’Informé en février dernier. En 2023, Altice avait déclaré céder ses data centers à la banque américaine Morgan Stanley. Le groupe doit trouver des liquidités pour rembourser les futures échéances : 1,4 milliard en 2025, 1,3 milliard en 2026, 5,5 milliards en 2027 et 9,4 milliards d’euros en 2028.
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2024 sera aussi une année difficile
Dans un tel contexte, 2023 a été pour Altice une année compliquée, plombée en plus par l’affaire de corruption qui l’a secoué à compter de l’été dernier. Mi-juillet, on apprenait en effet qu’Armando Pereira, considéré comme le bras droit de Patrick Drahi et le numéro 2 du groupe, était accusé au Portugal de blanchiment, de corruption et de fraude fiscale. Ce dernier aurait mis en place un vaste système de commissions frauduleuses, dissimulant près de 100 millions d’euros au fisc portugais. Une enquête avait été aussi ouverte en France par le parquet financier en septembre dernier, révélait Bloomberg au début du mois de mars.
Et la mauvaise passe pourrait encore durer. « Nous nous attendons à des revenus en déclin sur 2024 », a expliqué Dennis Okhuijsen, directeur d’Altice Europe, lors de la conférence avec les analystes. Les raisons ? « Un ralentissement des activités de construction et un marché résidentiel toujours compétitif, particulièrement sur le mobile ».
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Source :
Résultats financiers 2023 d’Altice publiés le 20 mars 2024