
Conakry, le 7 mai 2025 – Sous le haut patronage du Comité stratégique Simandou, le ministère du Plan et de la Coopération internationale, en collaboration avec le cabinet SouthBridge, a organisé dans un réceptif hôtelier de la place un séminaire consacré à la réflexion et à la conception d’un Fonds souverain national.
Présidé par le Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence de la république, M. Djiba DIAKITE, cet séminaire stratégique a connu la participation du Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la république, le Général Amara CAMARA, des Ministres Ismaël NABE du Plan et de la Coopération internationale, Mourana SOUMAH de l’Economie et des Finances, Facinet SYLLA du Budget, Djami DIALLO de l’Environnement et du Développement durable, du Gouverneur de la Banque centrale, Dr Karamo KABA, du Gérant associé du Cabinet SouthBridge et ancien Premier ministre béninois Lionel ZINSOU, des représentants de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’Association professionnelle des banques et des institutions de microfinances en Guinée, de la Chambres des mines, de l’Agriculture et du Commerce, ainsi que des hauts cadres de l’administration publiques.
L’objectif du séminaire était de définir les principes de fonctionnement d’un fonds souverain, d’identifier les opportunités et les défis, et de débattre des conditions de son appropriation par les acteurs nationaux, notamment les banques et le secteur privé.
Dans le cadre de la stratégie de gestion optimale des ressources naturelles, le Fonds souverain de la République de Guinée sera un outil destiné à renforcer la souveraineté financière du pays et à garantir une redistribution durable des richesses issues du secteur extractif. Il visera à financer les projets structurants des cinq piliers du programme de développement socioéconomique, durable et responsable, dénommé Simandou 2040, pour les quinze prochaines années, afin de bâtir une économie plus résiliente, inclusive et durable.
Inspiré des modèles internationaux tels que ceux de la Norvège, des Émirats arabes unis, du Qatar, du Nigeria ou de l’Égypte, le Fonds souverain de la République de Guinée vise à canaliser les revenus issus du secteur minier vers des investissements à long terme. Il permettra ainsi de réduire la dépendance aux financements extérieurs tout en soutenant des projets à fort impact dans les cinq piliers du programme Simandou 2040.
Ouvrant le bal des interventions, le ministre Mourana SOUMAH a dressé un bilan des performances actuelles de l’économie guinéenne. Il a affirmé que celle-ci se porte bien, avec une croissance de 7,01% en 2025. Il a également assuré que cette dynamique se poursuivra et s’intensifiera en 2026 pour atteindre un taux à deux chiffres : « Cette croissance atteindra en 2026 un taux à deux chiffres, autour de 10%. C’est le fruit d’un travail acharné sous le leadership du président Mamadi Doumbouya, qui permet à la Guinée de figurer parmi les pays subsahariens enregistrant les plus forts taux de croissance ». La Guinée a réussi à maintenir, dira-t-il, son déficit budgétaire en dessous de 3% du PIB. L’inflation, auparavant à deux chiffres, s’établit désormais à 3% en 2025. Le niveau d’endettement de l’État est quant à lui passé sous la barre des 40%.
Parlant du Programme Simandou 2040 et de ses catalyseurs, le ministre Ismaël NABÉ a rappelé le leadership du Président de la République, le Général Mamadi DOUMBOUYA, dans l’amélioration de la situation économique. Il a évoqué les cinq piliers du programme Simandou 2040 :
L’agriculture, l’industrie et le commerce : moteurs de l’autosuffisance, ces secteurs bénéficieront d’investissements dans l’irrigation, la mécanisation et l’appui aux agriculteurs locaux.
L’éducation et la culture : le fonds appuiera la construction d’écoles, la formation des enseignants et l’intégration des technologies numériques dans l’apprentissage ; il encouragera également la valorisation de l’identité guinéenne à travers le soutien aux artistes, la préservation des sites historiques et le développement de l’industrie créative.
Les infrastructures, les technologies et les transports : des investissements majeurs sont prévus pour améliorer la connectivité, soutenir l’industrialisation et renforcer les échanges économiques.
L’économie, les finances et les assurances : promotion d’un modèle économique durable, respectueux de l’environnement et centré sur le bien-être des populations.
La santé et le bien-être.
Le Ministre NABÉ a insisté sur les catalyseurs que sont le projet minier Simandou, la notation de l’économie guinéenne, la création d’un Fonds souverain pour la République de Guinée (objet du séminaire), mais aussi sur la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et, surtout, le développement du capital humain.
Concernant la création du Fonds souverain, M. Djiba DIAKITÉ, Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence et président du Comité stratégique Simandou, a précisé qu’il s’agira d’un outil de souveraineté économique. Il a rappelé les rôles des cabinets qui accompagnent la Guinée : « KPMG est chargé d’évaluer les progrès réalisés dans la deuxième phase du programme. Rothschild apporte son expertise dans la collecte de données stratégiques en vue de la notation souveraine de la dette. SouthBridge est chargé de formuler des recommandations pour l’organisation et la gouvernance du futur Fonds souverain ». Il a insisté sur la collaboration avec le FMI, la Banque mondiale, le cabinet SouthBridge et le secteur privé guinéen pour une co-construction du Fonds souverain. Enfin, le ministre Djiba DIAKITÉ a souligné que ce fonds doit permettre de financer le présent tout en préparant le futur, assurant ainsi la souveraineté financière de la Guinée.
La Guinée, un pays émergent et une destination, avec Simandou 2040
S’exprimant sur la décision des autorités guinéennes de créer un Fonds souverain, l’ancien Premier ministre béninois, Lionel ZINSOU, a salué cette ambition. « Ce qu’on peut retenir, c’est que l’ambition de la Guinée est brillante. C’est très important, car vous voyez, les pays frères regardent la Guinée et même au-delà du continent africain en se disant : c’est incroyable, la Guinée est en train de se délivrer. Elle réalise des infrastructures ferroviaires, elle construit des ports, elle s’apprête à lancer des productions très, très importantes, issues du plus grand gisement de minerai de fer à la plus haute teneur au monde. C’est un pays de destination, comme le dit désormais le ministre du Plan et de la Coopération internationale. Un pays qui est désormais sur la carte, qui devient une destination pour les investisseurs, comme elle doit l’être pour les touristes, etc. Mais c’est plus que cela : c’est un véritable tournant.
À mon avis, ce qui est en train de se faire autour de Simandou 2040 est un modèle pour l’Afrique. Certains pays se réforment, et ils ont raison de le faire, car ils en retirent immédiatement des bénéfices en matière de bien-être pour les populations, d’emplois et c’est cela qui est en jeu. C’est vraiment une économie en transformation.
Ce n’est pas simplement une question de ressources naturelles qui vont générer des recettes publiques. Il s’agit de construire une économie, de bâtir un système qui crée de la valeur ajoutée, qui transforme la bauxite, qui transforme le fer pour en faire des produits finis. La différence entre l’exportation brute et la transformation locale, c’est l’emploi, tout simplement. Ce qui est en train de se faire est donc fondamental. Cela se produit dans quelques pays africains, mais il se trouve que Dieu a été généreux avec la Guinée en termes de patrimoine. Ainsi, l’Afrique toute entière vous observe avec beaucoup d’intérêt.
Créer un fonds souverain, c’est-à-dire collecter des ressources régulières, voilà ce que permet la production minière. Cela permettra d’octroyer des prêts à long terme ou de créer du capital pour les entreprises. C’est une initiative qui va considérablement accélérer le bien-être dans le pays. Nous sommes donc très honorés d’avoir été invités à coopérer, à co-construire, comme on dit désormais en Guinée, un projet qui nous paraît ambitieux, mais tout à fait réalisable.
Vous savez, tous les pays d’Asie qui se sont magnifiquement développés, qui sont devenus de véritables pays émergents, ont réussi à créer des fonds souverains, à constituer du capital, à générer de la valeur. Ainsi, la Guinée rejoint aujourd’hui le cercle des pays émergents », a-t-il.
Ce séminaire marque une étape importante dans la volonté du gouvernement guinéen de se doter d’un instrument durable et performant pour la gestion de ses ressources minières. Le Fonds souverain sera un levier stratégique pour construire une Guinée prospère, autonome et solidaire.
CELLULE DE COM