que faut-il retenir de la crypto en 2023… et attendre de 2024 ?

Le monde des cryptomonnaies revient de loin. L’écosystème a en effet commencé 2023 dans un état proche de la ruine. Marqué par l’effondrement du mastodonte FTX, le marché était presque complètement exsangue au cours des premiers mois de l’année. Le Bitcoin survivait autour des 15 000 dollars, bien en dessous de son record de novembre 2021, aux portes des 70 000 dollars. De l’avis des spécialistes, la cryptomonnaie traversait une phase stagnante.

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Un début d’année dans le rouge

Dans ce contexte déjà très difficile, une faillite est venue à nouveau affecter l’écosystème dès janvier. Pénalisé par la mort de FTX, Genesis, une plateforme de prêt en cryptomonnaies, a fermé ses portes, avec un déficit estimé entre 1 et 10 milliards de dollars. Cette énième faillite a contribué à tirer le marché, qui peinait à retrouver un équilibre, vers le bas.

D’autres mastodontes de la cryptomonnaie ont rencontré des difficultés pendant cette période. Coinbase, un célèbre exchange new-yorkais, a été obligé de se séparer d’une partie de ses effectifs. La plateforme indiquait avoir enregistré un effondrement du nombre d’utilisateurs, échaudés par une année 2022 cauchemardesque et « les retombées provoquées par des acteurs sans scrupules ». Kraken, un des vétérans de l’industrie, a pris une décision similaire en limogeant 30 % de son personnel, suivi par l’ambitieux Crypto.com, qui a licencié 800 personnes. Citons aussi la disparition de Localbitcoins, une plateforme d’échange née en 2012.

Peu après, Silvergate Capital, la maison mère de la banque Silvergate, s’est placée en liquidation. Cette annonce a provoqué un vent de panique parmi les investisseurs. La banque gérait en effet les actifs de plus de 200 entreprises de l’écosystème crypto. Lâchée par ses partenaires, inquiets de la santé financière de l’établissement, la banque a fermé ses portes. Là encore, le Bitcoin est reparti à la baisse…

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Aux prémices de la reprise des cryptomonnaies

Les premiers signes de reprises sont apparus encore quelques semaines plus tard, dans le sillage de la crise bancaire américaine. En février, la Silicon Valley Bank (SVB), la 18ᵉ plus grosse banque américaine, a annoncé sa fermeture. C’était la plus importante faillite bancaire depuis la crise de 2008. Le gouvernement de Joe Biden a été obligé de prendre le contrôle de l’établissement à la suite d’une importante fuite de capitaux. La Signature Bank a également rendu l’âme.

En réaction, le Bitcoin s’est enfin mis à sortir la tête hors de l’eau. Le roi des cryptomonnaies a surfé sur la crise du secteur bancaire et repassé au-dessus des 25 000 dollars, une première depuis le krach. Inquiets quant à l’avenir du système bancaire, les investisseurs se sont massivement tournés vers des actifs proposant une alternative aux banques, comme le Bitcoin ou l’or. C’est pourquoi le BTC s’est redressé quand les banques américaines ont tourné de l’œil. De plus, le Bitcoin, en tant qu’actif risqué, a profité des injections massives de liquidités décrétées par la Réserve fédérale américaine pour soutenir les banques.

Il aura néanmoins fallu attendre le mois d’avril pour que le Bitcoin s’installe à nouveau au-dessus des 30 000 dollars. Par la suite, le cours a graduellement grimpé. Fin 2023, le BTC est remonté jusqu’à s’approcher des 45 000 dollars, effaçant une grosse partie des pertes de l’année dernière. Comme l’indique Bitwise dans son rapport annuel, « le Bitcoin a surperformé toutes les principales classes d’actifs en 2023, en hausse de 128 % ».

La disgrâce de de Binance

Impossible de retracer l’évolution du monde des cryptomonnaies en 2023 sans évoquer le cas de Binance. La plateforme d’échange leader du marché a connu une année mouvementée. Dès le mois de février, l’empire de Changpeng Zhao a essuyé un sérieux coup dur à la suite d’une décision de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis. Le gendarme financier a décrété que le BUSD, le stablecoin de Binance, enfreignait la législation américaine. Paxos, la société new-yorkaise qui émet le BUSD pour le compte de l’entreprise, a été obligée de cesser l’émission du token. Le troisième stablecoin le plus répandu de l’écosystème a donc mordu la poussière.

D’autres géants comme Coinbase et Kraken se sont également retrouvés dans le collimateur des autorités américaines. Celles-ci ont serré la vis aux acteurs de la crypto suite à la débâcle de FTX. Plusieurs groupes, dont Kraken, ont d’ailleurs été forcés de revoir leurs offres pour se conformer à la loi.

Changpeng Zhao Binance Démission
© Flickr, Web Summit

Par la suite, Binance a continué d’encaisser les assauts des régulateurs. La plateforme s’est retrouvée dans le viseur de la Commodity Futures and Trading Commission (CFTC), l’agence fédérale chargée de la régulation des bourses de commerce aux États-Unis. L’agence accuse l’exchange d’avoir violé le Commodity Exchange Act (CEA), la loi qui encadre le trading de matières premières. Ces mauvaises nouvelles ont poussé de nombreux utilisateurs à retirer leurs fonds de la plateforme par précaution, rognant sur les parts de marché de Binance.

Enfin, une enquête initiée par la justice américaine en 2018 est finalement arrivée à son terme. Celle-ci révèle que Binance a effectivement fait preuve de négligence en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Accusé d’avoir facilité le blanchiment de fonds criminels, Changpeng Zhao, PDG et fondateur de Binance, a été obligé de démissionner. En parallèle, l’entreprise a accepté de verser environ 4,3 milliards de dollars pour enterrer les poursuites judiciaires et repartir sur des bases saines. Un nouveau PDG a été désigné et la société se retrouve sous la surveillance et la tutelle des autorités américaines.

Citons aussi la fin de la carte bancaire de Binance au sein de l’espace économique européen. En octobre, Binance a en effet annoncé la mort de son propre programme de carte Visa en Europe. Tous les clients résidents dans un pays européen se retrouvent privés de la carte de débit, qui permettait de payer avec des cryptomonnaies. C’est un sacré coup dur pour le groupe. Binance a vraisemblablement pris cette décision pour des raisons réglementaires.

Remboursement, révélations et procès

Tandis que la crypto revenait à la vie, l’affaire FTX arrivait finalement à son terme. Grâce au travail acharné réalisé par John Ray III, l’avocat placé à la tête de FTX par les tribunaux, et ses équipes, une partie des fonds perdus ont pu être retrouvés. Les avocats ont en effet mis la main sur un peu plus de sept milliards de dollars en épluchant les actifs détenus par l’empire FTX. Ils ont notamment récupéré les dons à des partis politiques et les biens immobiliers, conséquents, du groupe.

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Capture d’écran 01Net, Dealbook

Les actifs retrouvés doivent permettre de rembourser les victimes de l’exchange. Les individus ayant perdu de l’argent dans le désastre ont en effet été invités à remplir un formulaire de demande de remboursement cet été. La nouvelle direction de FTX s’est engagée à verser tous les remboursements demandés d’ici à la fin du deuxième trimestre de 2024.

En parallèle, la justice américaine a traîné Sam Bankman-Fried, le fondateur et PDG de FTX, devant les tribunaux. Le procès de l’ancien milliardaire a eu lieu durant l’automne 2023. Grâce au témoignage de ses anciens comparses, dont Caroline Ellison, dirigeante d’Alameda Research, SBF a été reconnu coupable de l’intégralité des chefs d’accusation retenus contre lui, dont la fraude électronique et le blanchiment d’argent. Il risque plus de 110 ans de prison. La sentence sera annoncée en mars 2024.

Cap vers 2024… et le retour des records ?

Au terme de l’année 2023, la cryptomonnaie semble prête pour une nouvelle phase de hausse. Affranchie des déboires de FTX et consorts, l’industrie pourrait retrouver le chemin des records, estiment une myriade d’investisseurs, analystes et observateurs. Ils sont d’ailleurs nombreux à prophétiser une explosion à la hausse du Bitcoin dans un avenir proche. Pour Adam Back, une personnalité influente dans l’écosystème et dirigeant de la société Blockstream, il est même possible que la valeur du Bitcoin atteigne plus de 100 000 dollars en 2024. Un peu plus modérée, la société américaine Bitwise table sur un BTC autour des 80 000 dollars.

Plusieurs événements sont susceptibles de tirer le BTC vers le haut, à commencer par les premiers ETF au comptant liés au Bitcoin. Plusieurs mastodontes de la finance traditionnelle, comme BlackRock, ont déposé des demandes d’ETF auprès de la SEC cette année. Le régulateur s’est donné jusqu’au 10 janvier 2024 pour rendre son verdict sur la première demande d’ETF, déposée par Ark Invest & 21Shares. Par la suite, les requêtes de la dizaine d’autres demandeurs seront examinées.

Le marché s’attend à ce que ces fonds indiciels donnent un grand coup de fouet à l’adoption du Bitcoin. Ils devraient en effet permettre aux investisseurs institutionnels de placer plus facilement de l’argent dans le Bitcoin, sans devoir forcément en détenir sur la blockchain. C’est un événement majeur pour la devise numérique et la finance. Pour Michael Saylor, le PDG de MicroStrategy, il s’agit même du « plus grand développement à Wall Street sur les 30 dernières années ».

« Le crypto-actif a franchi son plus haut niveau en 19 mois (depuis début avril 2022), les investisseurs continuant à se préparer au lancement potentiel du marché des ETF bitcoin », explique Simon Peters, analyste de marchés chez eToro.

De nombreux acteurs de l’industrie attendent également de pied ferme le prochain halving du Bitcoin. Il s’agit d’une mise à jour du protocole Bitcoin qui réduit la quantité de récompenses attribuées aux mineurs. Cette mesure déflationniste, décrétée par Satoshi Nakamoto, a pour principal effet de rendre les bitcoins plus rares. Les précédentes mises à jour de cet acabit se sont accompagnées d’une augmentation de la valeur du Bitcoin. D’ailleurs, le précédent halving remonte à mai 2020, quelques mois seulement avec le retour du marché haussier, et d’un Bitcoin au-dessus des 20 000 dollars. Comme le souligne Michael Saylor, fervent défenseur du Bitcoin, la combinaison du halving et d’une hausse de la demande liée aux ETF pourrait servir de catalyseur de la prochaine phase de hausse :

« Je ne crois pas avoir déjà constaté une augmentation de la demande de 2 à 10 fois, conjuguée à une réduction de moitié de l’offre d’un actif rare et convoité que les gens ont envie de détenir sur une longue période. Par conséquent, je prévois que 2024 sera une année de hausse significative pour cette classe d’actifs ».

Tous ces éléments vont-ils permettre à la cryptomonnaie de battre un nouveau record en 2024 ? On attend votre avis dans les commentaires.

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