L’un des neuf moteurs de son lanceur avait déjà été utilisé lors d’un précédent lancement. Depuis la Nouvelle-Zélande, Rocket Lab se rapproche de son objectif ultime : la réutilisation complète de ses fusées.
Rocket Lab n’est pas seulement connue pour être une entreprise aérospatiale à l’inspiration inépuisable pour trouver des noms dignes de titres musicaux à ses missions. Pour la quarantième, baptisée « We Love the Nightlife » succédant à « Baby Come Back », un exercice de taille s’est soldé par un succès pour l’entreprise et ses actionnaires : la réutilisation d’un moteur sur le booster principal.
Après les quarante missions déroulées du 25 mai 2017 au 24 août 2023, Rocket Lab est aux avant-postes de pouvoir lancer son ultime test : pouvoir équiper un lanceur de neuf moteurs réutilisés. La mission est la prochaine de prévue mais ne possède pas encore de date. En cas de succès, l’entreprise rejoindra SpaceX, en réutilisant les boosters et leurs moteurs, avec des coûts plus faibles pour la mise en orbite, et obtenir davantage de clients.
L’envoi de la fusée ce 24 août a été réalisé au compte de Capella Space, une société américaine qui développe des satellites d’observation de la Terre avec des radars capables de percer les nuages et de ne pas être gêné par l’obscurité de la nuit. Le premier satellite lancé, des quatre de prévus avec Rocket Lab, évoluera à 640 kilomètres d’altitude et se prénomme Acadia.
Le lanceur de Rocket Lab s’appelle quant à lui Electron, et avec un plan de réutilisation complet de son module de lancement il pourra d’autant plus abaisser les prix d’envoi de satellites pour les clients de l’entreprise. À ce jour, Rocket Lab n’est pas encore en concurrence directe avec SpaceX. Elle offre effectivement des lanceurs légers capables d’envoyer des charges de 300 kilos maximum, contre 22 tonnes pour la Falcon 9, rappelle un journaliste du quotidien suisse Le Temps.
Rocket Lab, sa prochaine fusée Neutron et la NASA
À l’image du nom de mission « Make It Rain », Rocket Lab n’a pas connu qu’un temps clément dans son ascension. Pour se faire une place sur un marché qui connaîtra d’ici peu une concurrence accrue, elle a dû aller viser plus haut que l’orbite basse, et travailler avec la NASA pour obtenir des missions pour Artémis.
Le retour des vols habités vers la Lune a permis à Rocket Lab d’envoyer en 2022 le CubeSat de Capstone (Cislunar Autonomous Positioning System Technology Operations and Navigation Experiment) en orbite autour de notre satellite naturel. Pour cela, la société a utilisé son lanceur Electron, équipé de l’étage Lunar Photon, pour prouver de ses capacités à aller marquer une orbite elliptique et atteindre l’astre tant convoité par les sociétés du spatial, sur lequel l’Inde vient de se poser.
« L’objectif principal de CAPSTONE est de tester et de vérifier la stabilité orbitale calculée d’une orbite quasi rectiligne autour de la Lune, la même orbite que celle prévue pour Gateway. Gateway de la NASA est une petite station spatiale qui orbitera autour de la Lune pour permettre aux astronautes d’accéder à la surface lunaire », expliquait l’année dernière Rocket Lab au sujet de sa mission en collaboration avec l’Agence spatiale américaine.
Pour 2024, Rocket Lab compte sur le premier test de son nouveau lanceur baptisé Neutron. Grand pas en avant pour l’entreprise avec un tel engin, qui passerait à une charge utile de 13 tonnes. Au deuxième trimestre 2023, l’entreprise indiquait dans son rapport avoir débuté les travaux de terrassement pour la rampe de lancement, et réalisé des avancées significatives.
En termes financiers d’ailleurs, depuis Capstone, la société a opéré deux nouvelles fois avec la NASA, notamment dans le cadre de la mission TROPICS. Et grâce à une vente aux enchères de la scission de Virgin Orbit, Rocket Lab dit avoir pu obtenir des actifs et des espaces de production « à des prix avantageux, permettant des économies significatives et une accélération du calendrier de production de Neutron ».