Nouvel épisode dans le bras de fer entre Elon Musk et les autorités du Brésil : Starlink, censé suspendre le réseau social X dans le pays à la demande d’un juge de la cour suprême, a décidé de passer outre… durant quelques heures.
Mise à jour 03/09 23h — Starlink parle fort, mais finit par rentrer dans le rang. La filiale de SpaceX a en effet annoncé qu’elle allait respecter l’ordre des autorités brésiliennes de bloquer X/Twitter au pays, « malgré le traitement illégal de Starlink concernant le gel de nos actifs ».
Article original, 02/09 — Jusqu’où ira le conflit qui oppose Elon Musk, propriétaire du réseau social X et cofondateur de Starlink, aux autorités brésiliennes ? Samedi 31 août, X a été suspendu dans tout le Brésil, sauf… chez les clients de Starlink. Dimanche, la société d’internet par satellites déclarait à l’agence des télécommunications du pays, Anatel, qu’elle ne se conformerait pas aux ordres de blocage de X, selon le président de l’agence qui s’exprimait dans un média local, Globo News.
Cet énième épisode du bras de fer entre Elon Musk et les autorités du pays montre comment un milliardaire peut défier des autorités et contester des lois et des décisions de justice en utilisant ses entreprises. Le milliardaire a cofondé et dirige un atout de taille : Starlink. La société permet à des milliers de personnes de communiquer et de se connecter à Internet dans le pays via des satellites… sans passer par la moindre infrastructure étatique.
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Pourquoi X a-t-il été suspendu ?
Cela fait des années que X est dans le collimateur des autorités brésiliennes. Le réseau social faisait déjà l’objet de trois enquêtes pour diffusion de fausses nouvelles, dans un contexte de tentative de mise aux pas des réseaux sociaux. Mais le conflit aurait pris une autre dimension en avril dernier. X a en effet refusé de se conformer aux demandes d’un des juges de la Cour suprême brésilienne, Alexandre de Moraes. Le magistrat demandait à X de bloquer certains comptes qui diffusaient des messages de haine et de désinformation sur la défaite de Jair Bolsonaro en 2022, selon ce dernier.
Face aux refus de la plateforme, le juge brésilien a menacé d’arrêter le représentant légal de X au Brésil. En retour, Elon Musk a retiré ses équipes du pays, sans renommer de représentant – ce qui constituerait en soi une violation de la loi brésilienne, selon le juge. Le magistrat a alors ordonné aux fournisseurs d’accès à Internet de suspendre X et à Google et à Apple de retirer de leurs magasins d’application le réseau social.
Ce qui a donné lieu à une nouvelle passe d’armes. D’un côté, Elon Musk a laissé entendre que les Brésiliens pourraient contourner cette mesure en utilisant un service VPN. De l’autre, le juge Moraes a répondu qu’ils s’exposeraient néanmoins à une amende salée de près de 8 000 euros. Selon la BBC, il y avait au Brésil, avant la suspension de X, environ 22 millions d’utilisateurs – nombre d’entre eux auraient migré vers d’autres plateformes.
Just a reminder that you can always access this platform via https://t.co/bOUOek5Cvy, even on your phone. No app is needed.
Now would also be a good time to download a VPN in case you get blocked.
— Elon Musk (@elonmusk) August 30, 2024
Pas de blocage de X sans déblocage des avoirs de Starlink
Mais l’histoire ne s’est pas arrêtée là. Cette fois, le fantasque patron de X a décidé de se servir de Starlink pour montrer ses muscles. Sa société d’internet par satellites compte 250 000 clients au Brésil. Le service, lancé en 2022 dans ce pays, est plébiscité dans les zones rurales et dans la forêt amazonienne, où de nombreuses communautés vivaient jusqu’ici isolées et sans connexion Internet rapide, relate le New York Times, dimanche.
Et pour ses 250 000 abonnés, il n’y aura tout simplement pas de blocage de X, car Starlink n’appliquera pas la décision de la cour suprême. Elon Musk avait déjà fustigé les sanctions financières imposées à Starlink, estimant qu’elles étaient « absolument illégales ».
Le juge avait infligé plus de 3 millions de dollars d’amendes à X, pour avoir ignoré ses demandes, des sommes qu’Elon Musk a choisi de ne pas régler. Résultat, Alexandre de Moraes a annoncé geler les actifs de Starlink au Brésil – une sanction vue comme un moyen illégal de punir les actionnaires de SpaceX pour viser une autre société, X, a répliqué le milliardaire. Le patron de X accuse même le juge de la Cour suprême du Brésil d’exécuter des « ordres de censure ».
En retour, Starlink a expliqué dimanche qu’elle ne bloquerait pas X tant que les autorités brésiliennes n’auraient pas, de leur côté, débloqué les avoirs gelés de Starlink. La Cour, qui devait se prononcer en début de semaine sur une confirmation ou une annulation de la suspension, a bien confirmé, lundi 2 septembre, le blocage du réseau social.
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Prochaine étape : la révocation de la licence d’exploitation de Starlink ?
Que peut-il se passer désormais ? L’agence étatique Anatel pourrait révoquer la licence d’exploitation de Starlink au Brésil, ce qui empêcherait « théoriquement » la société d’offrir des connexions à ses clients brésiliens. Théoriquement car la société d’Elon Musk pourrait, en pratique, passer outre. Elle pourrait fournir des services au Brésil sans licence, en violation de la loi brésilienne. Starlink ne passe pas par des infrastructures internet classiques, mais connecte directement ses satellites aux antennes de ses clients. Les autorités de régulation pourraient donc difficilement « perturber » ou arrêter le service en pratique.
Reste qu’elles pourraient tout de même, outre les sanctions financières, saisir l’équipement des 23 stations terrestres que Starlink possède dans le pays, écrit le New York Times – ces stations permettent d’améliorer la qualité de ses connexions internet. Un point qu’a tenu à rappeler le président de l’agence de télécommunication pendant son interview à Globo News. La menace sera-t-elle mise à exécution ?
Note de la rédaction : cet article a été modifié le mardi 3 septembre pour ajouter la décision de la Cour suprême brésilienne tombée le lundi 2 septembre en début de soirée – les juges ont confirmé la suspension de X.
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