Dans la tech, il y a une légion de produits jetables, « one shot », mal finis, avec des parties logicielles bâclées et rarement (voire jamais) mises à jour. Il a y a aussi les produits normaux, plus ou moins solides, plus ou moins réparables. Et enfin les produits d’exception, durables, avec un long suivi matériel et logiciel. Dans cette catégorie se rangent les increvables iPad d’Apple ou encore les GoPro par exemple. Un club très fermé qui compte désormais la tablette/eReader/cahier numérique reMarkable 2. Et qui a reçu au printemps un clavier appelé Type Folio.
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Dans notre test initial publié en 2020, la reMarkable 2 brillait à la fois dans les rôles de carnets de notes, liseuse de livres électroniques, outil pour signer de manière manuscrite les PDF, etc. Avec l’adjonction du clavier Type Folio, cette tablette de 10 pouces passe du format vertical à l’horizontale pour se transformer en véritable machine à écrire. Un accessoire assez coûteux, mais qui pourrait devenir incontournable pour les scribouillards à la recherche d’un outil d’écriture sans distraction.
Clavier efficace et confortable (mais qui implique des choix)
Le Type Folio est le premier nouvel accessoire électronique de la marque. Coûtant 199 euros (sans les frais de port), il est disponible en deux coloris : noir ou marron – c’est cette dernière version que nous avons testée. Précisons que les Suédois ont pensé aux Français et que c’est bien un format Azerty dont nous parlons ici. Car plusieurs dispositions linguistiques sont disponibles. Ce qui est, compte tenu du caractère assez niche du produit, une des raison de son prix élevé : alors que des Logitech et autres vendent des claviers pour PC/tablettes par centaines de milliers, voire millions d’unités, le marché de la reMarkable est infiniment plus réduit.
Les ingénieurs ont cependant dû faire des choix et cela implique trois limites. Primo, pour conserver l’aspect « prestige » du clavier – reMarkable a une communication très haut de gamme – les ingénieurs n’ont pas pu intégrer de range stylet. Lequel aurait nuit au côté épuré de l’engin. Deuxio, alors que la prise de notes manuscrites se fait en manipulation verticale de l’appareil, les concepteurs du clavier ont (logiquement) profité de la largeur de l’appareil, forçant un déroulement des pages qui sont par défaut au format vertical. Tertio et ultimo, en dépit de cette position horizontale, le clavier colle aux 10 pouces (et un peu plus) de la dalle e-ink. On dispose donc de moins d’espace pour placer les mains, une limite importante pour certaines constitutions aux grandes paluches. On vous invite donc à aller taper un texte pendant 15 minutes en magasin. Pour référentiel, l’auteur de ces lignes fait 1,75 m, a des mains assez larges et le Type Folio lui reste agréable – mais on est à la limite de la miniaturisation.
Accessoire qui ajoute à l’intérêt d’un appareil durable
Dans l’univers tech des PC ou de la téléphonie, la reMarkable 2 aurait été remplacée, 12 mois plus tard, par une version 3… Ce n’est toujours pas le cas ici, même s’il ne fait aucun doute que l’entreprise planche sur une troisième itération. De plus, le côté minimaliste originel de l’appareil – pas d’Android, pas de courriels ou réseaux sociaux, pas d’apps à ajouter, pas de jeux, etc. – en fait un outil qui répond à des besoins précis, sans course à la nouveauté (même si elles arrivent par le logiciel, lire plus loin).
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Après trois ans d’usage à titre professionnel et personnel, notre appareil de test a voyagé dans plusieurs pays (les photos d’illustration de cet article ont été réalisés entre Tokyo et Singapour), toujours inséré dans son étui Folio classique – nous nous sommes détournés du Book Folio, car cela protège moins les côtés et il n’y a pas d’emplacement pour ranger le stylet. L’arrivée du Type Folio étend beaucoup les usages de l’appareil. Et pourrait permettre à l’appareil de trouver d’autres publics comme les écrivains, créatifs et autres scénaristes à la recherche d’une machine à écrire pure.
Quant à ceux qui utilisent déjà la tablette en consultation, annotation de documents ou prise de notes, l’arrivée d’un clavier est un argument supplémentaire pour l’emporter partout. Même si cela se paye d’un supplément de 453g en bagage cabine ou dans le sac à dos.
Des mises à jour permanentes et pertinentes
Revenir sur un produit dont nous avons écrit le test il y a trois ans (et que nous continuons d’utiliser depuis) a un aspect vertueux : il nous permet de faire le point sur la durabilité de l’appareil. Ce, tant du point de vue du matériel que du logiciel. Dans les deux cas, les ingénieurs suédois de reMarkable ne méritent rien de moins que des éloges. Du point de vue matériel, notre reMarkable 2 n’a pas bougé en trois ans. Pas de jeu au niveau de partie métallique, pas de rayure, pas de souci de bouton. Notre seul regret est que les 8 Go, quoique pour l’heure loin d’être pleins, auraient pu être doublés pour lui donner encore plus de temps de vie sans opération nettoyage.
Outre cette bonne qualité mécanique, c’est surtout le suivi logiciel permanent qui séduit et rassure. Car les concepteurs de la tablette ajoutent, mois après mois, touches par touches, des améliorations, corrections ou ajout de fonctionnalités. On peut citer le développement (et l’amélioration progressive) des connecteurs externes comme à Dropbox ou Microsoft, l’arrivée continue de nouveaux modèles (partitions de différents instruments, dessin, etc.), la refonte du moteur de lecture d’ePub, etc.
Quelques interrogations nous animent cependant : jusqu’à quand les équipes vont-elles continuer de proposer ces mises à jour gratuites ? Et reMarkable proposera-t-il un programme de remplacement de la batterie, laquelle est l’élément à durée de vie limitée de l’appareil ? Il serait bon que reMarkable fasse une communication à ce sujet (au moins sur son site), car l’appareil est tellement attachant, que l’on a vraiment envie qu’il soit increvable. Ou tout du moins partiellement réparable.
L’effet wow qui ne se dément pas
En tant que journaliste tech, je me retrouve souvent à manipuler en public les derniers gadgets, qu’il s’agisse d’appareils photo, ordinateurs ou smartphones. Pourtant, l’appareil qui a suscité le plus de réactions d’étonnement et de discussions enflammées (parfois avec mes interviewés !) est la reMarkable 2. Avec, à chaque fois, un regard approbateur en face… Voire carrément le cadre d’une grande entreprise de semi-conducteurs qui la commande en direct devant moi !
Mis à part la mémoire que j’apprécierais doublée pour ne pas me poser de questions dans 4-5 ans (oui, c’est ainsi que l’on peut projeter la durée de vie d’un tel appareil !), j’aimerais aussi que les équipes développent un moyen de travailler directement depuis OneDrive (et pourquoi pas un format de fichier compatible Microsoft). Se pose aussi la question du prix des mines, qui coûtent assez cher. Si l’on comprend le besoin pour l’entreprise de continuer à faire de l’argent quand les appareils ne sont pas remplacés tous les deux ans, il est aussi bon de chercher des alternatives plus économiques.
C’est pour cela que je vais aller chercher du côté de la grande marque de fournitures de bureau Staedler. Les ingénieurs de l’entreprise ont développé le Noris Digital Jumbo. Un stylet concurrent compatible reMarkable 1 et 2 utilisant la même technologie de Wacom (EMR), dont les mines, elles aussi consommables, sont moins chères. Étant donné que le stylet de base de dispose pas de rangement/étui dédié quand le clavier Folio est adjoint à la tablette, son format différent importe peu. Si on peut le coller magnétiquement sur la tranche (ce qui n’est pas garanti avec les alternatives), ceci est à vos risques et périls (j’ai déjà perdu trop de stylets de tablettes pour retenter à nouveau le diable !).
Pour finir, il faut bien ajouter que la reMarkable 2 n’est pas un iPad. Plus polyvalent, l’appareil d’Apple permet aussi de prendre des notes, de dessiner, de jouer, de regarder des vidéos, de lire ses emails, etc. La reMarkable 2 est un outil de travail, dont la simplicité et la moindre polyvalence permettent de rester concentré sur sa tâche : prise de notes manuscrites ou dactylo (avec le clavier Folio), lecture ou signatures de PDF, lecture d’eBooks. Pas une tablette, mais un carnet magique pour étudiants, profs, journaleux, avocats, créatifs et autres professions « intellectuelles ». Qui peut rapidement devenir incontournable.