
Deux mois après avoir lancé un dialogue stratégique sur l’avenir de l’industrie automobile et du « Green Deal », la Commission européenne a présenté ce mercredi 5 mars son plan de soutien à l’industrie automobile européenne : un patchwork de mesures et de recommandations pour faire face à la concurrence chinoise, à la baisse de la demande et aux potentiels droits de douane de Donald Trump.
Comment sortir l’industrie automobile européenne de son marasme ? Bruxelles a dévoilé ce mercredi 5 mars sa feuille de route pour le secteur, dont plusieurs mesures et pistes possibles pour soutenir une filière décrite comme « menacée » par Apóstolos Tzitzikóstas, le commissaire européen aux Transports.
Non seulement « nos entreprises sont en retard sur des technologies stratégiques clés telles que les batteries, les logiciels et la conduite autonome », mais le secteur, qui emploie près de 13,8 millions de personnes, est mis en difficulté par « les coûts de l’énergie, les pénuries de personnel, le protectionnisme et la dépendance excessive à l’égard des importations », a listé Apóstolos Tzitzikóstas pendant son discours.
Émissions de CO2 : Bruxelles confirme le répit donné aux constructeurs automobiles européens
La Commission européenne a d’abord confirmé les annonces d’Ursula von der Leyen faites deux jours plus tôt, en matière d’émissions de CO2. L’Union européenne (UE) apportera bien davantage de « flexibilité »aux constructeurs qui traversent une période difficile, avec des ventes de voitures électriques en berne faute de demande, et une concurrence déloyale venant de Chine.
Avec le « Green Deal », qui a acté une interdiction de vente des voitures thermiques neuves en 2035 dans l’UE, les constructeurs devaient limiter progressivement la vente de leurs véhicules polluants. Le texte prévoyait des amendes salées pour tous les récalcitrants ou les mauvais élèves, dès la fin de l’année : un point fustigé par le secteur qui demandaient a minima un report des sanctions financières.
Lundi, Ursula von der Leyen, à la tête de l’exécutif européen, avait répondu en partie à leur demande : la norme CAFE (pour « Corporate Average Fuel Economy ») sera légèrement assouplie. Les constructeurs automobiles devront atteindre leurs objectifs de conformité en établissant une moyenne de leurs performances sur une période de trois ans (2025-2027), et non plus chaque année, a détaillé la Commission.
La mesure sera proposée officiellement par l’exécutif européen à la fin du mois. Pour devenir effective, elle devra être acceptée par le Conseil et le Parlement européen.
Des quotas de voitures électriques bientôt imposés pour les flottes d’entreprises ?
À côté de la question du respect de la norme CAFE, Bruxelles souhaite « booster la demande » de voitures électriques. Pour atteindre cet objectif, l’exécutif européen compte verdir les flottes d’entreprises, qui représentent « environ 60 % des nouvelles immatriculations de voitures ». La Commission européenne étudie la possibilité d’imposer des quotas aux entreprises de voitures propres, dans un texte qui sera proposé d’ici la fin de l’année. Cela permettrait de donner un carnet de commandes aux constructeurs.
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L’exécutif européen souhaite aussi accélérer le déploiement des bornes de recharge. Entre 2025 et 2026, ce sont près de 570 millions d’euros qui y seront consacrés, selon le commissaire européen. Côté voiture autonome, l’exécutif compte harmoniser ses règles en matière de tests de ces véhicules.
Un dernier volet de son plan est consacré aux batteries électriques et à ses matières premières. « Pour maintenir une base de production et éviter les dépendances stratégiques », Bruxelles annonce débloquer « 1,8 milliard d’euros pour créer une chaîne d’approvisionnement sûre et compétitive pour les matières premières des batteries ». « La Commission étudiera également la possibilité d’apporter un soutien direct aux entreprises qui produisent des batteries », précise-t-elle. Un volet a enfin été consacré à la concurrence déloyale : à côté des voitures chinoises sur lesquelles des mesures ont déjà été prises, Bruxelles souhaite imposer des composants made in Europe – une liste serait en cours d’élaboration.
La Commission européenne doit rester ferme sur les objectifs 2030 et 2035, pour Transport & Environment
Reste à savoir si ce plan d’action permettra au secteur, décrit comme « en danger de mort » par Stéphane Séjourné, le vice-président de la Commission européenne, dans une interview à l’AFP publiée ce mercredi, de sortir de sa période difficile. D’autant que Donald Trump a aussi menacé le secteur de droits de douane supplémentaires.
Côté associations de défense de l’environnement, c’est surtout l’assouplissement des règles en matière d’émissions de CO2 qui est critiqué. Transport & Environment, qui milite pour « le transport propre en Europe », estime par exemple que « la décision d’accorder deux années supplémentaires aux constructeurs européens pour se conformer aux objectifs de 2025 en matière d’émissions de CO₂ ne va pas les inciter à rattraper leur retard dans la course à l’électrification ».
Leur attention se tourne déjà vers la « clause de revoyure » du règlement européen qui impose l’interdiction des ventes de voitures thermiques en 2035. Initialement prévue en 2026, la clause a été avancée au 3e et 4e trimestre 2025, a précisé Apóstolos Tzitzikóstas, le commissaire européen aux Transports. À cette occasion, les objectifs du 100 % véhicules neufs « propres » pourraient être « ajustés ». Pour Diane Strauss, directrice de T&E France citée dans un communiqué, « la Commission doit (justement) rester ferme sur les objectifs 2030 et 2035. (Car) ralentir l’électrification en Europe ne peut en aucun cas être une réponse adéquate pour rester dans la course face à la Chine ».
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Source :
Plan d’action de la Commission européenne du mercredi 5 mars 2025