Nouvelle direction dans la stratégie de la filiale de la maison mère de Google spécialisée dans la conduite autonome. Plutôt que les poids lourds ou la livraison de marchandises, tout sera maintenant porté sur le service de courses en robotaxis, qui s’attend à enfin trouver de la rentabilité.
À l’heure où San Francisco et la Californie se divisent sur le statut et la place de la voiture autonome en accès libre, Waymo profite de toucher du doigt la commercialisation des premiers robotaxis en redirigeant ses investissements. Parsemée entre la livraison de marchandises et l’élaboration de technologies de conduite autonomes pour les camions, la société veut plus de simplicité et tourne presque l’entièreté de son capital à l’activité commerciale de voitures sans conducteur disponibles pour des courses à la manière des VTC et des taxis, qu’elle développe depuis 2017.
Les investissements dans la logistique et la livraison avaient toute leur place, mais – potentiellement pour de rapides profits – Waymo a choisi d’aller capitaliser là où la rentabilité pointe le bout de son nez. À San Francisco, la société et son concurrent direct venu de General Motors, Cruise, ont fait de la voiture autonome une réalité et plutôt que de choisir une course avec un vrai VTC, les habitants et visiteurs de la ville peuvent choisir de circuler en robotaxis. Un vote fera bientôt la lumière sur l’élargissement des accords aux des sociétés pour circuler 24h/24, 7j/7, dans un espace élargi de zones… mais aussi et surtout le début de la commercialisation. Pour l’heure, les trajets sont encore gratuits.
Le sujet est à débat. La California Public Utilities Commission a repoussé début juillet le vote au 10 août prochain minimum. « C’est un drapeau jaune parce qu’il y a des problèmes avec les opérations en cours dans la ville », commentait un journaliste de Automotive News à ABC le 11 juillet dernier, après qu’un commissaire ait demandé le report suite à des incidents reportés par les voitures et des groupes contestataires qui continuent de se balader dans les rues à la quête de voitures autonomes de Waymo ou Cruise à piéger et neutraliser (avec l’aide d’un plot de chantier à poser sur le capot).
Les incidents en robotaxis
Dans le département de Jeanine Nicholson, à San Francisco, ont été recensés pas moins de 66 incidents depuis mai 2022, dans lesquels des voitures autonomes ont gêné la circulation de véhicules d’urgence. Pour le Department of Motor Vehicles (DMV) de Californie, ce sont aussi 75 collisions impliquant des voitures autonomes rien qu’en 2023 qui ont été recensées, dont l’une a tué un chien. Depuis 2014 et les premiers essais en voiture autonome californienne, il y aurait eu 619 collisions.
Le détail du rapport historique de la DMV de Californie permet de se pencher sur chacun des incidents. La plupart sont issus des deux principaux acteurs du secteur – Waymo et Cruise –, mais l’on constate aussi des voitures de Mercedes, Poni.ai, Zoox, Apple (en Lexus RX 450h), ou encore WeRide. Pour se défendre, Waymo et Cruise mentionnent notamment le recensement de 20 piétons tués par des automobilistes en 2017 et 39 l’année dernière selon les données officielles de la ville San Francisco.
Opportunités commerciales et report de calendrier
« Compte tenu de l’énorme élan et des opportunités commerciales substantielles que nous voyons sur le front du VTC, nous avons pris la décision de concentrer nos efforts et nos investissements sur le VTC » ont dit les co-directeurs de Waymo Dmitri Dolgov et Tekedra Mawakana dans un billet de blog. Les efforts seront certainement de proposer une flotte plus grande de véhicules, avec « une demande importante de passagers à San Francisco, Phoenix et Los Angeles ». Cela ne voudra pas dire que le camion autonome Waymo ne verra pas le jour, mais que la filiale de la maison mère de Google « repoussera le calendrier », à la fois commercialement et dans le développement.
Dans les contrats, cela veut dire que Waymo ne poursuivra pas plus loin avec UPS et JB Hunts, mais continuera de travailler avec Daimler Truck North America, à qui elle doit le développement du châssis destiné aux camions autonomes. Cela faisait au final que trois ans que les projets dans la logistique et la livraison de marchandise avaient vu le jour. Des side projects sous l’impulsion d’une levée de fonds impressionnante de 2,25 milliards de dollars en 2020. Potentiellement à court d’argent frais de cette levée et tout proche de pouvoir rentabiliser sa flotte en facturant les trajets, Waymo se dit prêt et confiant, avec les robotaxis.
Source :
Tech Crunch